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mercredi, 08 janvier 2014

La Démocratie au Moyen Âge !

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La Démocratie au Moyen Âge !

 

En dépit de la vague romantique qui, au XIXe siècle, va entreprendre une réhabilitation partielle et souvent mythique du récit « historique » de cette longue époque (un millénaire) que les érudits de la renaissance ont reléguée au rang de « moyen-âge », l’imagerie commune en garde encore des idées complètement fausses : le moyen-âge, pour beaucoup, c’est l’époque où le petit peuple, ignorant et analphabète, est soumis au diktat implacable d’un ordre politique militaire monarchique, et d’un ordre spirituel clérical séculaire et dogmatique ; c’est l’époque des seigneurs, de l’inquisition, des sorcières et des bûchers ; c’est l’époque des guerres incessantes, des croisades sanglantes et de la peste ; en résumé, le moyen-âge serait une époque obscure, sombre, « gothique ». Voici ce que nous en dit Michel FRAGONARD :

« (…) l’histoire représente, au XIXe siècle, un enjeu « politique » essentiel (en témoigne d’ailleurs l’attention des gouvernements, dont l’action d’un Guizot, lui-même historien, est le meilleur exemple) : sa promotion est inséparable de l’affirmation du sentiment national, fruit à la fois de la Révolution française et des courants romantiques allemands ; et l’un des enjeux essentiels est la question des origines nationales. On comprend alors l’intérêt des historiens, initiateurs et propagateurs de cette conscience nationale, pour le Moyen Age, aux fondements de la nation. Intérêt non dépourvu de considérations idéologiques : au moment où, en France, conscience nationale et aspiration démocratique sont intimement liées dans une mystique du « peuple » (notion combien ambiguë), l’œuvre d’Augustin Thierry (Récits des temps mérovingiens, Essais sur la formation et les progrès de l’histoire du Tiers État) est sous-tendue par une thèse historico-ethnique (les origines proprement « gauloises » du peuple français, à contre-pied d’une historiographie « aristocratique » insistant sur les origines franques). Dans cette quête historique d’un Moyen Age où se trouvent les sources de la nation, l’exemple le plus illustre, en France, est celui de Michelet, qui consacre six volumes de sa monumentale Histoire de France (inachevée) au Moyen Age et qui, dans ses autres ouvrages, revient régulièrement sur la période (voir la Sorcière). »

cc1jos6j.jpgIl nous suffit de voir à quoi ressemble ce mouvement culturel « gothique » né dans les années 1990, qui mêle à la fois l’imagerie mythique de ce moyen-âge du XIXe siècle et les idées les plus noires que le quidam se fait de cette ère. Vêtus et maquillé de noir ou de sombre, visages tristes ou désespérés, véhicules « morts-vivants » d’un romantisme lui-même sombre, noir et désenchanté.

Que dire alors de l’idée que l’on se fait au sujet de la politique au moyen-âge ? A l’évocation d’une démocratie au moyen-âge, la plupart vont faire les yeux ronds et se dire « mais de quoi parle-t-il ? ». Moyen-âge et démocratie sont deux termes que la plupart considèrent antinomiques. Or, la réalité est bien différente. La démocratie était plus vivace durant la majeure partie du moyen-âge et de la renaissance, qu’elle ne le fut depuis la Révolution. En fait, c’est la Révolution qui va éteindre un ensemble de pratiques démocratiques populaires qui perdurera jusqu’au XVIIIe siècle.

Ce que je découvre, en parcourant l’excellent livre de Francis Dupuis-Déri « Démocratie. Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France », est entre autre une déconstruction radicale de ce moyen-âge obscurantiste que l’élite contre révolutionnaire et le « siècle des Lumières » a durablement imprimé dans nos esprits. Permettez-moi de partager avec vous les quelques passages de ce livre qui nous éclairent sur cette activité démocratique vivace au moyen-âge.

« Au Moyen Age et pendant la Renaissance européenne, des milliers de villages disposaient d’une assemblée d’habitants où se prenaient en commun les décisions au sujet de la collectivité. Les « communautés d’habitants », qui disposaient même d’un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l’autogestion pendant des siècles. Les rois et les nobles se contentaient de gérer les affaires liées à la guerre ou à leurs domaines privés, d’administrer la justice et de mobiliser leurs sujets par des corvées. Les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s’ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d’enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux[1]. »

Voilà déjà qui tranche avec les images d’une monarchie omnipotente et omniprésente, gérant, en collaboration avec l’Église, tous les faits et gestes de leurs sujets. En réalité, l’aristocratie nobiliaire avait bien d’autres chats à fouetter que de s’occuper des affaires du peuple, et elle laissait donc volontiers à ses gens le soin de s’occuper de leurs propres affaires. Le peuple disposait donc de fait d’une large autonomie, autrement plus grande que nous n’en disposons actuellement sous le régime prétendument représentatif. Et cette autonomie s’étendait sur des domaines importants et essentiels, comme nous allons le voir.

« On discutait ainsi des moissons, du partage de la récolte commune ou de sa mise en vente, de la coupe de bois en terre communale, de la réfection des ponts, puits et moulins, de l’embauche de l’instituteur, des bergers, de l’horloger, des gardes-forestiers, parfois même du curé, des gardiens lorsque sévissaient les brigands, les loups ou les épidémies. On y désignait ceux qui serviraient dans la milice, on débattait de l’obligation d’héberger la troupe royale ou de l’utilité de dépêcher un notable pour aller soumettre à la cour des doléances au nom de la communauté. »

Imaginez que, dans votre ville ou votre commune, de nos jours, vous puissiez, par le biais d’une assemblée communale publique, décider en commun de la répartition de la récolte commune ou de sa mise en vente (alors qu’aujourd’hui, les paysans – souvent les « serfs » modernes de l’industrie agro-alimentaire – se voient imposer leur cotât de production, les prix de vente, le cahier des charges et jusqu’aux semences qu’ils peuvent utiliser), la réfections ou l’édification des ouvrages d’art (routes, voiries communales, ponts, éoliennes, barrages, écluses, etc.), de qui, parmi les habitants, servira dans la police municipale (qui est maintenant un corps centralisé au service de l’Etat, et non du peuple). Impensable, n’est-ce pas ? Pourtant, les assemblées d’habitants étaient dynamiques.

« Il y avait environ dix assemblées par an, parfois une quinzaine. Elles se déroulaient sous les arbres (le chêne), au cimetière, devant ou dans l’église, ou encore dans un champ. Bref, dans un lieu public, car il était interdit de tenir l’assemblée dans un lieu privé, pour éviter les magouilles. Une étude statistique de quelque 1500 procès-verbaux indique que ces assemblées comptaient en moyenne 27 participants, soit une représentation d’environ 60% des foyers des communautés, et pouvaient même accueillir jusqu’à quelques centaines d’individus, dont 10 à 20% de femmes. Mais à l’époque, dix personnes suffisaient pour former « un peuple » et tenir une assemblée. La participation à l’assemblée était obligatoire et une amende était imposée aux absents quand l’enjeu était important. Un quorum des deux tiers devait alors être respecté pour que la décision collective soit valide, par exemple celle d’aliéner une partie des biens communs de la communauté (bois ou pâturage). Il était si important que la communauté s’exprime que même lorsque la peste a frappé dans la région de Nîmes, en 1649, l’assemblée a été convoquée dans la campagne sur les deux rives d’une rivière, pour permettre de réunir à la fois les personnes ayant fui la ville et celles qui y étaient restées. En général, le vote était rapide, à main levée, par acclamation ou selon le système des « ballote » distinguant les « pour » des « contre » par des boules noires et blanches. Lorsque la décision était importante, les noms des personnes votantes étaient portés au procès-verbal. »

Ainsi, le peuple, au moyen-âge, parvenait à s’autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme « privés », mais comme publiques, car à l’inverse de nous, les « modernes » atomisés par une culture du chacun pour soi (la culture individualiste que nous devons à l’origine aux physiocrates du XVIIIe siècle et à leurs successeurs libéraux et capitalistes du XIXe et du XXe siècle), nos ancêtres « médiévaux » avaient conscience de l’interdépendance mutuelle dans laquelle ils étaient, et la majeure partie des ressources produites par la terre étaient considérées comme un ensemble de richesses communes, non comme des richesses privées. Cela n’empêchait pas le commerce, l’artisanat, ni même une certaine forme d’industrie. Ils parvenaient, en dépit de leurs intérêts individuels, à s’entendre et à gérer eux-mêmes ces ressources en commun, chose qui nous semblent aujourd’hui hors de portée – il suffit, pour s’en convaincre, de voir les commentaires récurrents qui décrient l’apathie populaire et considère, aujourd’hui, la masse comme incapable de débattre et de décider communément de ses propres intérêts. Ainsi, il serait impossible aux hommes « modernes » de ce XXIe siècle de faire ce que les paysans « incultes » du moyen-âge faisaient couramment ? Si cela est vrai, pouvons-nous encore parler de « progrès de la modernité » ? Ne devrions-nous pas plutôt faire le terrible constat de la régression imposée par cette « modernité » ?

« La démocratie médiévale, bien vivante alors, mais aujourd’hui si méconnue, permettait au peuple de traverser de longs mois sans contact direct avec des représentants de la monarchie, une institution qui offrait finalement très peu de services à sa population composée de sujets, non de citoyens. En d’autres termes : un territoire et une population pouvaient être soumis à plusieurs types de régimes politiques simultanément, soit un régime autoritaire (monarchie pour le royaume, aristocratie pour la région) et un régime égalitaire (démocratie locale ou professionnelle). »

 

 

On rêverait, de nos jours, de disposer de cette autonomie et de ce régime égalitaire, rien qu’au niveau local de nos villes ou de nos communes. Or, même cela nous est refusé, et cette simple idée fait se dresser un mur de défit et de mépris qui, au moyen-âge ou à la renaissance, aurait donné lieu à une « jacquerie », une révolte justifiée du peuple contre l’oppression d’un pouvoir par trop dictatorial et jugé tyrannique. En Espagne, les autorités gouvernementales ont mis leurs institutions judiciaires en marche pour détruire cette expérience unique d’autogestion réussie dans la petite ville andalouse de Marinaleda, dont le succès jette une lumière crue sur l’échec de la politique libérale nationale. Décidément, les « élites » libérales, de gauche comme de droite, n’aiment pas la démocratie, et ils le montrent de façon brutale. Cet événement récent montre ce qui se produisit à la Révolution et qui signa durablement le glas de l’expérience démocratique populaire.

« Les communautés d’habitants et les guildes de métiers perdent peu à peu de leur autonomie politique non pas en raison d’un dysfonctionnement de leurs pratiques démocratiques, qui se poursuivent dans certains cas jusqu’au XVIIIe siècle, mais plutôt en raison de la montée en puissance de l’État, de plus en plus autoritaire et centralisateur. [...] Or, si la démocratie locale peut bien s’accommoder d’un roi et même l’honorer, c’est dans la mesure où il se contente de rendre justice et de vivre surtout des revenus de ses domaines. De nouveaux prélèvements fiscaux et l’élargissement de la conscription militaire sont perçus dans les communautés comme le résultat de mauvaises décisions du roi ou de ses conseillers, et comme une transgression inacceptable et révoltante des coutumes et des droits acquis. L’assemblée d’habitants est alors un espace où s’organise la résistance face à cette montée en puissance de l’État. »

Voilà ce que l’élite contre-révolutionnaire – les « patriotes » et les « pères fondateurs » du XVIIIe siècle, ont très bien compris, et voilà pourquoi ils se sont attaché à décrier cette population agissante. Jugeons donc de cette sentence de ce procureur de la république qui este contre Babeuf dans un procès en trahison – et l’accuse par ailleurs d’être un « anarchiste » :

« Qui oserait calculer tous les terribles effets de la chute de cette masse effrayante de prolétaires, multipliée par la débauche, par la fainéantise, par toutes les passions, et par tous les vices qui pullulent dans une nation corrompue, se précipitant tout à coup sur la classe des propriétaires et des citoyens sages, industrieux et économes ? Quel horrible bouleversement que l’anéantissement de ce droit de propriété, base universelle et principale d’ordre social ! Plus de propriété ! Que deviennent à l’instant les arts ? Que devient l’industrie ?[2] »

Que voulait Babeuf ? Selon lui, la société était divisée en deux classes aux intérêts opposés, soit l’élite et le peuple. Chacune voulait la république, mais l’une la voulait bourgeoise et aristocratique, tandis que l’autre entendais l’avoir faite populaire et démocratique. Populaire et démocratique ? Vous n’y pensez pas !

L’interdiction de s’assembler est alors justifiée par un discours qui relève de l’agoraphobie politique : on présente les assemblées comme tumultueuses et contrôlées par les pauvres. En 1784, l’intendant de Bourgogne explique ainsi que : « ces assemblées où tout le monde est admis, où les gens les moins dociles font taire les citoyens sages et instruits, ne peuvent être qu’une source de désordre ». Le ton est donné. Ce genre de discours, nous ne le connaissons que trop, encore aujourd’hui. Pourtant, l’historien Antoine Follian écrit qu’il « n’y a probablement pas plus de  »tumultes » au XVIIIe siècle qu’au XVIe siècle. Soit les autorités s’offusquent de choses qui n’en vallent pas la peine, soit ce n’est qu’un prétexte pour servir une politique de resserrement des assemblées sur les  »notables » ».

Parfois, le rejet des principes démocratiques sont moins virulents, tout en étant pourtant suffisamment catégoriques pour en rejeter l’idée même. Ainsi Bresson écrit dans ses Réflexions sur les bases d’une constitution, par le citoyen[3] :

« Je sais fort bien ce qu’est une république démocratique ; mais je ne peux concevoir une constitution démocratique pour un pays qui ne peut être une république démocratique. Dans une république démocratique, le peuple en corps a le débat des lois, adopte ou rejette la loi proposée, décide la paix ou la guerre, juge même dans certaines circonstances. Cela est impossible, physiquement impossible en France ; ainsi la France ne peut être une république démocratique : c’est mentir à la nature même des choses que de la nommer ainsi[4]. »

De l’autre côté de l’Atlantique, dans les États-Unis émergeant de leur propre révolution, d’autres expriment la même idée, pour les mêmes raisons, ainsi par exemple le fédéraliste Noah Webster qui explique :

« Dans un gouvernement parfait, tous les membres d’une société devraient être présents, et chacun devrait donner son suffrage dans les actes législatifs, par lesquels il sera lié. Cela est impraticable dans les grands États ; et même si cela l’était, il est très peu probable qu’il s’agisse du meilleur mode de législation. Cela a d’ailleurs été pratiqué dans les États libres de l’Antiquité ; et ce fut la cause de malédictions innombrables. Pour éviter ces malédictions, les modernes ont inventé la doctrine de la représentation, qui semble être la perfection du gouvernement humain. »

On voit bien, aujourd’hui, la damnation à laquelle nous a mené, en un peu plus de deux siècles de « perfection du gouvernement humain », la représentation ! son bilan à lui seul réduit en miette les sophismes des pères fondateurs et révèle surtout que leur dialectique avait essentiellement pour vocation le service de leurs intérêts de classe sociale dominante, et que ces arguments étaient très certainement fondés… pour décrier l’aristocratie bourgeoise !

De  nos jours, les mêmes sophismes et les mêmes raisonnements antidémocratiques, exprimant une agoraphobie politique (détestation de la démocratie dite « directe ») culturellement imposée depuis deux siècles à l’inconscient collectif, se retrouvent jusque dans la conception populaire qui, comme par une sorte de syndrome de Stockholm collectif, se fait elle-même, parfois, défenseur de cette rhétorique qui peut se résumer en quatre points, comme le synthétise Francis Dupuis-Déri dans son livre :

« 1) le « peuple », poussé par ses passions, serait déraisonnable en matière politique et ne saurait gouverner pour le bien commun. »

> Je ne dirais pas les choses autrement au sujet des gouvernements prétendument représentatif et de cette « élite » oligarchique qui nous gouverne depuis deux siècles. Pour le dire autrement : « c’est c’ui qui dit qui est » (désolé, mais c’est vraiment là qu’on en est !).

« 2) conséquemment, des démagogues prendraient inévitablement le contrôle de l’assemblée par la manipulation. »

> En conséquence, des lobbys financiers et industriels prennent inévitablement le contrôle de l’assemblée par la corruption et la manipulation, tandis que les démagogues divisent les peuples dans de faux enjeux politiques de façade, laissant libre court en coulisses aux magouilles politiques les plus scandaleuses.

« 3) l’agora deviendrait inévitablement un lieu où les factions s’affrontent et la majorité impose sa tyrannie à la minorité, ce qui signifie généralement qu’en démocratie (directe), les pauvres, presque toujours majoritaires, opprimeraient les riches, presque toujours minoritaires. »

> L’agora devient le lieu où des factions s’affrontent sur des enjeux factices (au travers les affrontement des partis politiques pour accéder ou conserver le pouvoir), permettant toujours aux minorités (généralement les plus riches) de l’emporter sur la majorité (généralement les plus pauvres ou les moins bien nantis).

« 4) enfin, la démocratie directe peut être bien adaptée au monde antique et à une cité, mais elle n’est pas adaptée au monde moderne, où l’unité de base est la nation, trop nombreuse et dispersée pour permettre une assemblée délibérante. »

> Dès lors, l’oligarchie (travestie en pseudo démocratie « moderne ») est bien adaptée au gouvernement des États modernes libéraux, et toute forme de démocratie, même locale, est une entrave inacceptable à la main mise des marchés sur les ressources et à l’exploitation des travailleurs actifs, toujours majoritaires, par la minorité rentière passive, toujours minoritaire. Francis Dupuis-Déri est très clair sur un point essentiel :

« L’idée et l’idéal de « république » a déterminé en grande partie la formation du régime électoral libéral que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « démocratie ». Donc, l’idée de « démocratie » n’a pas joué de rôle déterminant dans l’instauration des démocraties modernes libérales pour la simple et bonne raison que les patriotes les plus influents et leurs partisans étaient animés par un idéal républicain. La république représentait le régime modèle de patriotes notoires [...]. »

C’est donc dire – et là je m’adresse tout spécialement à vous, amis français (je suis Belge) – que la république fut, a toujours été, et est encore l’enterrement définitif de tout projet de (vraie) démocratie. En ne cessant, comme une antienne, de vous référer à « la République »[5], vous vous faites défenseur d’un régime qui dès l’origine et à toutes les époques fut instauré pour empêcher la démocratie et imposer le dictat d’une minorité possédante et dominante sur une majorité dépossédée et dominée. Si j’étais français, je ne militerais donc certainement pas pour une « VIème République », mais bien pour une « Première Démocratie ».

Au minimum, il nous faut reconquérir cette précieuse et vitale autonomie communale que même la vile engeance monarchique accordait aux gueux que furent nos ancêtres, et que nous refusent avec force et obstination nos prétendus représentants « démocratiquement élus » (cherchez l’erreur). Si nous ne nous en montrons pas capable, alors que la malédiction de la tyrannie oligarchique et ploutocratique continue à s’abattre implacablement sur nous et qu’elle étouffe à jamais nos plaintes et nos cris !

Nous pourrons alors à nouveau aller crever dans les tranchées en chantant avec Jacques Brel « Oui not’ Monsieur, oui not’ bon Maître ».

Comme en ’14…

Morpheus

 


[1] Henry Bardeau, « De l’origine des assemblées d’habitants », Droit romain : du mandatum pecuniae – Droit français : les assemblées générales des communautés d’habitants en France du XIIIe siècle à la Révolution, Paris, Arthur Rousseau, 1893, p. 63.

[2] Gérard Walter, op. cit., p. 230-231.

[3] Où l’on peut voir que l’idée de Étienne Chouard n’a rien de neuf et fut bel et bien menée – et tuée dans l’œuf – au moment de la Révolution.

[4] Jean-Baptiste Marie-François Bresson, op. cit., p. 2-3.

[5] Prenez donc, s’il vous plaît, un peu de recul et montrez-vous, juste un moment, autocritique, et vous verrez à quel point ce mot de « république » vous empoisonne l’esprit et obscurcit ce que votre discernement pourrait éclairer : les républiques n’ont jamais été des démocraties, mais au contraire, furent toujours des oligarchies.

dimanche, 08 septembre 2013

L’oeuvre politique d’Alcuin à la cour de Charlemagne

L’oeuvre politique d’Alcuin à la cour de Charlemagne

Alcuin.jpg« Une rencontre entre deux grands hommes eut d’heureuses conséquences » écrit l’historien Pierre Racine  en introduction de son article sur Alcuin, paru dans le magnifique ouvrage de Jacques Le Goff, Hommes et Femmes du Moyen-Age. Il est vrai que la rencontre entre le moine northumbrien Alcuin et le roi des Francs Charles à Parme, en Italie aux alentours de 780, bouleversa les rapports entre l’Église et la royauté pippinide, et inaugura ce que les historiens appellent la « première renaissance carolingienne ». Bien que l’oeuvre d’Alcuin à la cour de Charlemagne ait de nombreux aspects, nous verrons ici les évolutions politiques qu’a connues le règne de Charlemagne, attribuées en grande partie à Alcuin mais également dues à la volonté propre du souverain.

Origine et formation

Alcuin naît en Northumbrie – région de York, en Angleterre – aux environs de 730. Issu sans doute de famille noble, Alcuin fait ses études à l’école de la cathédrale d’York en tant qu’élève d’Aelbert. Devenu bibliothécaire de l’école en 766, il est nommé maître d’école en 780 où il enseigne la littérature classique, la grammaire antique et les mathématiques, base du comput — calcul destiné à fixer la date des fêtes mobiles du calendrier ecclésiastique —, tout en subordonnant les sciences profanes à la Bible dont l’exégèse est selon lui la base du savoir. Cette même année, Alcuin fait la rencontre qui va changer sa vie, Charles, roi des Francs, à Parme. Impressionné par les qualités intellectuelles et la vivacité d’esprit de l’ecclésiastique, le roi l’invite à le suivre à la cour en 781.

Rôle politique

Alcuin va jouer un rôle majeur dans la politique carolingienne de cette fin du VIIIe siècle. De 782 à 796, il dirige l’école palatine où sont formés les enfants des nobles de l’entourage du roi. Dès son arrivée au service du souverain franc, il va célébrer en ce roi sacré le Christ Roi et Prêtre.

Déjà à la mort du pape Hadrien Ier fin 795, Alcuin voyait en le roi franc un « nouveau David », à la fois roi et prophète : « Le Christ, de nos jours, a concédé à son peuple comme rector (souverain) et doctor (professeur) un roi David de même virtus (mérite, valeur) et de même foi. »

Dans une autre lettre datée du 26 décembre 796, jour de l’accession de Léon III au trône pontifical, Alcuin, sur ordre de son maître Charles, déclare à l’intention du souverain pontife :

«Voici quelle est notre tâche. À l’extérieur, protéger, les armes à la main, avec le secours de la grâce divine, la sainte Église du Christ de l’invasion des païens et de la dévastation des infidèles; et à l’intérieur, défendre le contenu de la foi catholique. La vôtre, très saint Père, par la prière de vos mains levées au ciel à l’instar de Moïse, est d’aider notre armée jusqu’à ce que, par votre intercession, sous la conduite et par le don de Dieu, le peuple chrétien ait toujours la victoire sur les ennemis de son saint nom et que Notre Seigneur Jésus-Christ soit glorifié dans le monde entier. »

Alcuin prés.jpgCette lettre montre bien à quel point le pape, jusqu’alors souverain des âmes des chrétiens, est relégué au rang de simple puissance sacerdotale, n’ayant plus qu’un rôle de prière. Charles, de par son sacre, reçoit directement ses ordres de Dieu, et n’a donc aucune autre autorité au-dessus de lui. Le roi possède ainsi à la fois le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, car il a en charge et la sauvegarde de son royaume et le salut des âmes des chrétiens, rôle qui appartenait auparavant au souverain pontife. Dans les faits, Charlemagne profite de la faiblesse politique du pape Léon III, qui est d’ailleurs chassé de son trône par une révolte romaine, et qui ne se rétablit sur le Saint-Siège qu’avec l’intervention du roi franc.

Alcuin, dans de nombreuses lettres à son maître, l’exhortait à ne pas obéir aux autorités ecclésiastiques. Dans l’une de ces lettres, il précise l’ordre hiérarchique du monde chrétien:

« Trois dignités ont été jusqu’ici les plus élevées au monde. La première est la dignité apostolique qui donne le droit de gouverner en qualité de vicaire le siège du bienheureux Pierre, prince des apôtres. Comment celui qui le détient a été traité, je le sais par vous-même – il est question ici de la révolte contre Léon III. La deuxième est la dignité impériale avec l’administration séculière de la seconde Rome – Constantinople est le siège de l’empire d’Orient. Par quel acte impie le maître de l’Empire a été dépossédé non par des étrangers, mais par ses propres concitoyens, tout le monde le sait – Irène, veuve de l’Empereur Léon IV prit le pouvoir à la mort de son mari. Mais lorsque son fils Constantin VI devint majeur en 790, elle lui fit crever les yeux et le détrôna. La troisième est la dignité royale que Notre Seigneur Jésus-Christ vous a donnée en partage pour faire de vous le chef du peuple chrétien, plus puissant que le Pape et l’Empereur, plus remarquable par votre sagesse, plus grand par la noblesse de votre gouvernement. »

Il est flagrant ici qu’Alcuin place Charlemagne au-dessus des deux grandes autorités de l’époque, le Pape et l’Empereur. En réalité, la chose est plutôt évidente : le pape est faible et dépend entièrement du bon vouloir de Charlemagne pour conserver son trône, et le siège impérial d’Orient est vacant. Alcuin appelle alors son maître à remplir seul les deux fonctions de pape et d’Empereur : c’est la théocratie impériale que met en place Alcuin en suggérant à Charlemagne d’accéder à l’Empire, ce qui sera fait à la Noël 800.

Conclusion

Alcuin meurt abbé de Saint Martin de Tours — poste qu’il occupait depuis 796 — en 804, soit dix ans avant Charlemagne. Il a été question ici de l’influence d’Alcuin dans le domaine politique à la cour de Charlemagne : comment s’est peu à peu développée l’idée de théocratie impériale, remise en question de la théorie gélasienne – du nom du pape Gélase au Ve siècle – qui voulait la dualité du pouvoir entre temporel et spirituel ainsi que la primauté de ce dernier sur le premier. Cependant, à la mort de Charlemagne en 814, Louis, seul héritier de l’Empereur, va peu à peu perdre de l’influence et de son autorité auprès des ecclésiastiques en réaffirmant la doctrine gélasienne. L’Empereur sera même évincé du pouvoir par son fils Lothaire en 833.

Nicolas Champion

Sources :

  • CHELINI Jean, Histoire religieuse de l’Occident médiéval, Paris, Pluriel, 2010
  • GAUVARD Claude, Dictionnaire du Moyen Age, Paris, PUF, 2012
  • GUILLOT Olivier, RIGAUDIERE Albert, SASSIER Yves, Pouvoirs et institutions de la France médiévale, Paris, Armand Collin, 2011
  • LE GOFF Jacques, Hommes et Femmes du Moyen-Age, Paris, Flammarion, 2012

vendredi, 03 mai 2013

Der Deutsche Orden - Auf den Spuren der Ritter

Der Deutsche Orden

Auf den Spuren der Ritter

Zwei Dokumentationen auf einer DVD - 145 Min. Laufzeit

Bestellungen: http://www.polarfilm.de/

Vor 800 Jahren begannen Ritter des Deutschen Ordens damit, das Land zwischen Weichsel und Memel zu erobern und Deutsche aus dem Westen dort anzusiedeln. Sie schufen das Land Preußen, das im Spätmittelalter als das modernste Gemeinwesen ganz Europas galt. Der Hauptfilm (ca. 90 Minuten) begibt sich auf die Spuren der Ostlandritter. Ihre gewaltigen Burgen, die heute in Polen stehen, werden ebenso vorgestellt wie ihre Stadtgründungen und die Methoden ihrer Landkultivierung. Über Jahrhunderte waren die Polen mit den Rittern verfeindet. Im Film wird deutlich, dass sich das Verhältnis entspannt hat.

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jeudi, 02 mai 2013

Deutschlands unbekannte Jahrhunderte

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Reinhard Schmoeckel

 

Deutschlands unbekannte Jahrhunderte

 

Geheimnisse aus dem Frühmittelalter

 

524 Seiten, 11 Karten im Text, geb., fester Einband

ISBN 978-3-938176-41-2

Preis: 29,80 Euro

Erscheinungstermin: Mai 2013

Was war in unserem Land - Deutschland - vor etwa 1500 Jahren los ? Das war die Zeit zwischen dem Ende des Römischen Kaiserreichs und den Kaisern eines „heiligen römischen Reichs", die nun plötzlich aus Mitteleuropa stammten ? Gab es da bei uns überhaupt „Geschichte" ? Gab es Ereignisse, die vielleicht bestimmend für die weitere Entwicklung der Menschen und des Landes waren ? Und ob.

Allerdings glauben die Historiker, davon kaum etwas zu wissen, denn niemand hat ja damals in unserem Land schreiben können. Aber Indizien aus den archäologischen Funden, aus der Heraldik, der Namens- und Sprachforschung, aus der Sagenforschung und zahlreichen anderen Wissenschaften ergeben Mosaiksteinchen für ein riesiges Puzzle. Man muss nur bereit sein, sie als zusammengehörig zu erkennen und verständlich zu beschreiben, dann kann man viele Bild-Bruchstücke sichtbar machen, die das Frühmittelalter, „Deutschlands unbekannte Jahrhunderte", gar nicht mehr so dunkel, so unbekannt erscheinen lassen.

Dr. Reinhard Schmoeckel ist es gelungen, aus einer großen Fülle von Detailuntersuchungen vieler Privatforscher, darunter auch seiner eigenen, ein überraschend lebendiges Bild jener Zeit vor anderthalb Jahrtausenden zusammenzustellen, ein Bild, das bisher noch keinen Eingang in die bisher übliche Vorstellungswelt der Geschichtswissenschaft gefunden hat. Dabei lassen sich alle Einzelheiten präzise belegen.

Das Buch zeigt, wie Menschen mehrerer Völker - keineswegs nur Germanen ! - nach Mitteleuropa kamen, zu verschiedenen Zeiten und aus unterschiedlichen Richtungen. Ganz allmählich wuchs der Einfluss des westlichen Nachbarn, des inzwischen entstandenen Königreichs der Franken, und des Christentums. Doch wie fragil war damals noch diese Herrschaft, bevor die Frankenkönige aus dem Haus der Karolinger die Macht in einem Land bekamen, das erst viel später „Deutschland" heißen sollte.

Als populärwissenschaftlicher Schriftsteller mit großer Erfahrung in der Frühgeschichte Europas bringt es der Autor fertig, dem Leser die allmählichen Veränderungen plastisch vor Augen zu stellen, die in jener Zeit mit den Menschen vor sich gingen.

Reinhard Schmoeckel, geb. 1928 in Berlin, journalistische Ausbildung, Dr. jur., langjährige Tätigkeit im Bundespresseamt, Bundskanzleramt, Bundespräsidialamt in Bonn. Autor mehrerer erfolgreicher populärwissenschaftlicher Bücher über deutsche und europäische Vor-und Frühgeschichte und historische Romane, darunter das Buch „Die Indoeuropäer" (Neuauflage 2012 im Lindenbaum Verlag).

Vielen Dank!

Mit freundlichen Grüßen

Siegfried Bublies

Lindenbaum Verlag GmbH, Bergstr. 11, 56290 Beltheim-Schnellbach, Tel. 06746 / 730047, Fax 06746 / 730048

E-Brief: lindenbaum-verlag@web.de

Internet: www.lindenbaum-verlag.de

 

Inhaltsverzeichnis des Buches "Deutschlands unbekannte Jahrhunderte" von Dr. Reinhard Schmoeckel:

 

Vorwort          

Teil I: Hunnen am Horizont  (407 – 454 n. Chr.)

1   Die Nachhut der Völkerwanderung

     „Ein schöner Platz für unser Vieh” (April 407 n. Chr., beim heutigen Mainz-Kastell) – Wer waren die Sarmaten ?Pferdegräber: Indizien für die Einwanderung von Sarmaten

2   Die Burgunder und der Kaiser

     „Vivat Imperator Jovinus !” (Mitte August 411, Mündt, Gem. Titz, Kreis Düren) – Die Burgunder lebten doch in Worms !?

3   Der lange Weg der sarmatischen Reiter von der Donau zur Schelde....

     „Auf Befehl des Kaisers…” (Frühjahr 414 in Castra Vetera / Xanten am Rhein)  – Unbekanntes über die Vorfahren der Merowinger-Könige – Sicambrer und  Sigambrer, ein bemerkenswertes historisches  Zusammentreffen

4   Die Wanderungen der Alt-Sachsen

     Abschied von der uralten Heimat  (Frühjahr 430 an der Wesermündung bei Bremerhaven) – Ein Land verliert seine Menschen – Keine “drei Schiffe”, kein „Hengist und Horsa”

5   Das Ende des „ersten Reichs” der Burgunder

     Des Königs Gundahari und seiner Nibelungen tapferer Tod (Spätherbst 436, in König Attilas Lager in Ungarn) –Geschichtsforschung widerlegt und bestätigt das  Nibelungenlied – Burgunder, ein Volk, das wanderte

6   Kölns Weg aus dem Römerreich in eine neue Zeit

     Ein Heil zu wenig ? (Sommer 442 in Köln)  –  Plausible Indizien gegen „Überzeugungen”

7   Der Anfang vom Ende Attilas

     Hunnen am Rhein (Spätherbst 451 bei Unkel/Rhein) – Wenn  es  keine Heimatforscher gäbe … – Was wollte 

Attila in Gallien ?

Teil II  Zuwanderer in ein menschenarmes Land  (455 – ca. 490 n. Chr.)

8   Mit Mensch und Vieh ins Hunenland

     Auf der Flucht vor den Kriegen der Anderen  (Sommer 455 in Ungarn) – „Man muss sich gegen die Schachmänner wehren !” (Sommer 456 an der oberen Lippe in Westfalen) – Von „Schachmännern” und „Schächern”  – Mustangs  in  Westfalen – Ein Mithras-Heiligtum an den Externsteinen

9   Das römische Köln noch einmal gerettet

     Die Colonia in Bedrängnis (Herbst 460 in Köln) – Fiktive und realistische Geschichtsdarstellung  Plausible Gründe gegen eine „Herrschaft” von Germanen am Rhein – „Bayern” in Köln ?

10 Sarmatische Könige in Thüringen ?

     Die Männer in den blauen Umhängen (Sommer 465 im heutigen Erfurt) – Warum Archäologen nie etwas von den Sarmaten finden konnten – Erstaunliches über die Verbindung von Thüringen zu den Merowingern – Wie aus Mänteln Feldzeichen und aus diesen Wappen wurden

11 Aus Turkerern und Sueben werden Schwaben

     Der Ritt ins Anderland für einen Edlen  (Herbst 480 bei Donzdorf, Baden-Württemberg)   Die unglaubliche und dennoch wahre Geschichte der Turkerer im Schwabenland – Vom toten Babai zum Kaiser Barbarossa ? – Waren die  Sarmaten bereits Christen ?

12 Einwanderung von der Maas an den Rhein

     Der Mutige kann König werden (Sommer 495,  im Maifeld, Rheinland-Pfalz – Die Samson-Geschichte in derThidrekssaga Rätselhafte „Völker” in der “Svava

13 Schachmänner und Hunen in Westfalen

     Das Kastell an der Lippe (Sommer 500 an der Lippe nördlich von Dortmund ) – Indizien aus Sage und Geographie

Teil III  Das Reich der Franken greift über den Rhein (ca. 500 – 560 n. Chr.)

14 König Chlodwig und die Alemannen

     In der neuen Patria Francorum (Spätherbst 506 in Worms/ Rhein)  - Nur aus Indizien zu schließen

15 Endlich König in Köln

     Chlodwig am Ziel seiner Wünsche (Weihnachten  509, Paris) – Das Zeugnis des Bischofs  Gregor von Tours –Chlodwigs umfassendes Konzept

16 Die letzten Römer werden Franken

     „Im Auftrag des Königs der Franken…” (Sommer 515, in Krefeld-Gellep) – Das größte römische Gräberfeldnördlich der Alpen  – Woher will man wissen, dass der Tote eine Sarmate war ?

17 Völkerwanderungen an der Ostsee

     König Granmars trauriges Ende und die Auswanderung der Dänen (Spätsommer 520, an der Warnow in Mecklenburg) –  Ein Geschichtsbild aus Mosaiksteinchen rekonstruiert

18 Ganz unmerklich wächst der Einfluss

     Eine Heirat zwischen Freunden (Sommer 525 in Alt-Paffrath b.Bergisch Gladbach) – Kleine Anfänge der  „Herren von  Berg” – „Tu, felix Francia, nube…”

19 Die Frankenkönige erobern das Thüringerreich ihrer Vettern

     Ein Aufstand kurz vor dem Ausbruch gescheitert (Sommer 534, Großörner bei Eisleben, Sachsen-Anhalt) – Versuch eines  Blicks auf die Politik hinter den Ereignissen

20 Eine Klimakatastrophe und ihre Folgen für das Frankenreich

     Das Heer, das die Sonne suchte (Sommer 536, in Metz, Frankreich, später in Soest/Westfalen) – Als die Sonneerlosch – Der tiefe Eindruck auf die Menschen und ein erster „Kreuzzug” nach Westfalen – Die Ausdehnung des Frankenreichs ins südliche Deutschland

21 Ein Volk auf Wanderschaft

     Neuer Aufbruch für die Langobarden (Spätsommer 548  in Mähren/Tschechien) – Die Nachzügler der Völkerwanderung

Teil IV   Mitteleuropa im Kräftefeld zweier Mächte (562 – 640 n. Chr.)

22 Abwehr an der Elbe

     Ein denkwürdiger Sieg (Sommer 562, an der Elbe bei Dessau) – Informationen über die Awaren – Die Bürger-kriege der Frankenkönige

23 Die Völkerwanderung der Slawen

     Die Sorben am Ziel (Spätherbst 564, beim heutigen Bautzen / Lausitz) – Theorien zur Entstehung slawischerund baltischer Völker im Frühmittelalter –  Die weiteren Schicksale der Sorben  – Andere slawische Einwander ins spätere Deutschland

24 Der Fürst von Beckum

     Ein Grab in der Heimat (Spätherbst 575, in Beckum/ Westfalen) – Der „Fürst von Beckum” war kein Sachse –Das rot-weiße Schachwappen der Grafen von der Mark

25 Der abenteuerliche „Sachsen”-Zug in die Fremde und  wieder in die Heimat

     Die Erinnerungen der edlen Frau Baldegunde (Spätherbst 590 in Dortmund-Asseln) – Ein archäologischer Beleg fürdie Erzählung Gregors von Tours  – Ein Drama an der Bode

26 Die Friesen müssen neue Wohnsitze suchen

     Flucht vor dem „blanken Hans” (Sommer 600 in Butjadingen westlich der Wesermündung) Ein Stamm im  frühen und heutigen Deutschland: die Friesen

27     Das Urteil von Köln

     „Das war eines Königs unwürdig !” (Jahreswende 612, in Soest/Westf.) – Die Grausamkeiten innerhalb der 

Merowinger-Dynastie und deren Folgen im „Land jenseits des Rheins”   

28 In ein freies Land

     Die Burg der Papen (Frühsommer 630 in Papenburg/ Ems) – Die Ausbreitung von Sarmaten in Niedersachsen –Papen: die ersten christlichen „Missionare” in Deutschland – Wie kamen Pferdegräber in die Niederlande und nach Belgien?

29 Franken und Slawen – Der schlechte Beginn einer schwierigen Nachbarschaft

     König Dagoberts schmähliche Flucht (Frühjahr 631, bei Lauterbach/Hessen) – Die historische Lage im Frankenreich und in Osteuropa um das Jahr 630 – Slawen lebten einst bis zum Vogelsberg in Hessen

30 Ein Massenmord im Mittelalter

     Die Nacht des Tötens (Sylvester 631 bei Linz/Donau) – Staatsräson gegen ein uraltes Sittengesetz – Der Bulgarenmord als Vorbild für das Nibelungenlied 

31 Herrschaftswechsel

     Die neuen Knechte des Bischofs (Herbst 639 in Soest/Westf.) – Vermutungen zu einem „schwarzen Loch des Nichtwissens”

Teil V  Ein neuer Glaube breitet sich aus  –  aber nicht überall  (650 – 755 n. Chr.)

 

32 Ein neues Volk wächst zusammen

     Burgenbau mit doppeltem Zweck (Frühsommer 645,  an der Mecklenburg bei Schwerin) – Die Ursprünge der  slawischen Obotriten

33 Christliche Sendboten bei den Alemannen

     Das wundersame Begräbnis des Mönchs Fridolin (März 660 in Säckingen / Hochrhein) –Der heilige Fridolin: Legende und Realität – Die zarten Anfänge christlicher Mission – Wer herrschte über die Alemannen ? –  Spekulationen über den Weg der Habsburger in die Schweiz

34 Der Ursprung des Kölner Karnevals

     Das Fest der Handwerker (21. März 670 in Köln) – Karnevalsbräuche aus Mittelasien ?

35 Die Zeit der Frisia Magna

     König Radbods Goldgruben am Rhein (Sommer 681, in Utrecht/ Niederlande) – Ein Blick in die Geschichte derFriesen – Vorgeschichtlicher Handel an Meeren und Flüssen

36 In den „Landen um den Main”

     Drei Glaubensboten spurlos verschwunden (Winter 691, in Würzburg/Main) – Die iro-schottischen Missionare – Warum Franken Franken heißt  

37 Der Aufstieg eines starken Mannes

     Kraft aus geheimnisvollen Quellen (Oktober 715 in Echternach/Luxemburg) – Von Pippin II. zu Karl Martell – Ein heiliger Bezirk seit tausenden von Jahren – Der vergebliche Versuch einer merowingischen Restauration

38 Bonifatius und seine Kollegen

     „Die Kirche braucht den Schutz der Krieger !” (Herbst 723 in Mainz) – Ein neuer Ansatz zur Heidenmission –Bonifatius, der „Apostel der Deutschen”

39 Aus der Jugend Widukinds

     Letzte Ehre für einen Edlen (Herbst 755 in Drantum, Krs. Cloppenburg) – Ist das Dunkel um das Leben  Widukinds wirklich so dicht ? Von den West-Falen zu den „Sachsen”

Nachwort       

Literatur         

Register:

Völker, Stämme, Herrschergeschlechter

Karten

mardi, 26 mars 2013

Het doorleven van heidense gebruiken in de middeleeuwse volkscultuur

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Filip MARTENS:

 

Het doorleven van heidense gebruiken in de middeleeuwse volkscultuur

 

 

De Latijnse Kerk werd in de Middeleeuwen geconfronteerd met vele populaire heiligentradities en verschillende inzichten in de religie zelf. Om dit onder controle te brengen, vervaardigde de Kerk boeteboeken voor haar priesters. De context van deze boeteboeken is die van de parochie. De taak van de pastoor was het dirigeren van het religieuze leven der gelovigen, maar zonder de biecht en de boeteboeken zou dit moeilijk geweest zijn.

 

Binnen de parochie brachten de meeste middeleeuwers hun ganse leven door: ze werden er gedoopt, gingen er naar de mis, trouwden en overleden er. Doch deze lokale molecule van de Kerk was veel meer dan een religieus centrum: er vonden ook feesten plaats, er werden inkopen gedaan, het graan werd er opgeslagen en de plaatselijke kerk – vaak het enige stenen gebouw in het dorp – was veelal het laatste toevluchtsoord tegen bandieten en roversbendes. Alle dorpelingen waren tevens aan elkaars sociale controle onderworpen. Veel mensen verlieten zelfs de parochie om te biechten en zo te ontsnappen aan de supervisie van de pastoor. Het behoren tot een bepaalde parochie had ook diepe spirituele wortels. Het was de plaats waar zowel de voorvaderen begraven lagen als de parochianen zelf begraven zouden worden.

 

In de Germaanse culturen was schaamte belangrijker dan schuld. De Germaanse held bekeek zichzelf door de ogen van het collectief: zijn daden – niet zijn doelstellingen – werden beoordeeld door de gemeenschap. De zelfevaluatie van een persoon was dus afhankelijk van het oordeel vande samenleving.De Germaanse ethiek van eer en glorie leefde door in het christendom: het duidelijkste is uiteraard de riddereer. En de sociale controle van de parochianen over elkaar komt duidelijk overeen met de saga's waarin de held zichzelf ziet door de ogen van het collectief.

 

Boeteboeken werden geschreven in parochies die recent gekerstend waren. Maar het is moeilijk in te schatten in welke mate het christendom erin slaagde pre-christelijke tradities te vervangen en geestelijke controle te krijgen over de bekeerlingen. Toch geven deze boeteboeken ons een inzicht in de dagelijkse taak om het geloof te bewaren: ze bevatten namelijk veel informatie over de heidense tradities van de Europese bevolking en over het innerlijke gedachtegoed van de middeleeuwse mens. Er zijn bovendien weinig anderebetrouwbare bronnen beschikbaar. De boeteboeken hielpen de pastoor bij het geleidelijk wegwassen van de heidense tradities. Het doel was dat parochianen in staat zouden zijn om hun eigen daden te analyseren volgens de christelijke dogma’s en berouw zouden tonen voor het begaan van eventuele zonden.

 

Onderzoekers van de vroegmiddeleeuwse cultuur zoeken vaak tevergeefs naar heidense Germaanse of Grieks-Romeinse overblijfselen. De tradities die in kerkelijke geschriften zijn neergeschreven, weerspiegelen namelijk een diepere, primaire laag van het volksbewustzijn en verwijzen niet expliciet naar een Germaans of Grieks-Romeins verleden. De boeteboeken bevatten veel informatie over verschillende magische praktijken uit een pre-christelijk verleden. Vooral voor de boeren waren dergelijke gebruiken zeer belangrijk: ze geloofden dat zon, sterren en maan de mens beïnvloedden én dat de mens ook de gunsten van deze fenomenen kon afroepen via rituelen. De achterliggende redenering hierbij was dat mens en wereld uit dezelfde elementen waren opgebouwd en de mens bijgevolg ook de wereld kon beïnvloeden.

 

Eén van de best geïnformeerde schrijvers van boeteboeken was bisschop Burchard van Worms (ca. 950-1025). In zijn boeteboek ‘Corrector sive medicus’ weeshij de heidense rituelen van de gewone man af, omdat die haaks stonden op het geloof in de goddelijke voorzienigheid die de wereld in handen had. ‘Correctorsive medicus’ is tevens een ware schatkamer voor het bestuderen van het volksgeloof. Burchardbeschreef vele rituele vieringen om een goede oogst of weersveranderingen af te smeken. Bij herders bestonden nog oude magische rituelen om niet alleen overvloed voor de eigen kudde, maar ook rampspoed over de kudde van een andere herder af te roepen. Vele gebruiken waren echter ook van toepassing op de mens zelf.

 

Burchard van Worms beschreef verder nog criminele vrouwen die de duivel dienden en zo het volk afleidden van het ware geloof. Wie hierdoor verleid werd, moest 2 jaar boetedoening doen. Dit soort vrouwen kwam voort uit een oude traditie van schikgodinnen. Burchard stelde voorts dat mensen die geloof hechtten in weerwolven, geloofden in iets dat niet kon gebeuren: de menselijke gedaante kon namelijk niet veranderd worden, behalve door God zelf. De mens is immers gemaakt naar het evenbeeld van God. Als straf hiervoor diende men 10 dagen te vasten. Er waren ook heel wat mensen misleid door kwade geesten, die deze overtuigingen in leven hielden en overleverden van generatie op generatie.

 

De heidense gebruiken van de parochianen behoorden tot de tradities, het volksgeloof en het volksbewustzijn. De middeleeuwse mens was immers sterk afhankelijk van de natuur inzake landbouw. Magie hielp hem daarbij om de natuur te begrijpen en te proberen beheersen. Volkse ‘geneeskunde’ en hekserij waren dan ook sterk aanwezig in de middeleeuwse maatschappij, terwijl vele bronnen tevens getuigen van de combinatie van kruidenkunde met het geloof in de invloed van hemellichamen op de gezondheid. De Kerk verbood het gebruik van geneeskrachtige kruiden, tenzij dit in combinatie met het bidden van de rozenkrans gebeurde. Het gebruik van kruiden met magische rituelen werd uiteraard wel verboden. Hekserij was een fenomeen dat zich in gans Europa voordeed, maar vooral uit de sprookjesachtige wereld van het middeleeuwse Duitsland zijn er vele verhalen bekend die zowel elementen uit de Germaanse als uit de Grieks-Romeinse cultuur bevatten.

 

Hildegard von Bingen (1098-1179) begaf zich op het terrein der geneeskunde. Zij was uit een adellijk geslacht afkomstig en ging op 8-jarige leeftijd naar het benedictijnenklooster in Disibodenberg. In 1136 werd ze abdis van dit klooster en in 1150 stichtte ze een nieuw klooster op de Rupertsberg in Bingen. Hildegard onderhield briefwisseling met onder meer keizer FrederikBarbarossa en koning Hendrik II van Engeland. Ze inspireerde mystici van latere generaties uit de Nederlanden en het Rijnland. Hildegard was een predikster en raadgeefster, maar berispte ook indien nodig. Tevens schreef ze liturgische liederen en medische traktaten.

 

De methodes die Hildegard von Bingen aanraadde om zieken te genezen en om bezetenen te verlossen, lijken echter sterk magisch. Priesters volgden haargeneeskundige raad op, waaruit afgeleid kan worden dat de clerushaar werkwijzen nog niet zo gek vond. Hildegard baseerde zich niet enkel op de gekende magische technieken, maar introduceerde in geneeskundige traktaten tevens nieuwe magische elementen. Desondanks bleef Hildegard toch in de gunst van de Kerk door haar imago van zwakheid, eerlijkheid en eenvoudige scholing (hoewel ze een leeftijd van 81 jaar bereikte, van adellijke afkomst was en een goede opleiding genoten had).

 

De structuur van het volksbewustzijn overleefde en reproduceerdeconstant archaïsche kenmerken, zelfs binnen het christendom en ondanks de inspanningen van de Kerk om de heidense overleveringen uit te wissen. Bijvoorbeeldmet het doorboren van het lichaam van een pasgeboren kind dat stierf vóór het gedoopt werd, wilden vrouwen vermijden dat hun overleden kind uit de dood zou opstaan en kwaad aanrichten. Indien het kind stierf na het doopsel, werd het soms begraven met een hostie en wijn (een duidelijke verwijzing naar Christus), wat echter door de Kerk verboden werd.

 

Magische praktijken rond de dood gebeurden in de vorm van offerandes, wakes, heidense begrafenisrituelen en begrafenisfeesten. Dit werd ten stelligste verboden door de boeteboeken, evenals andere traditionele rouwrituelen zoals het verbranden van het haar, het verwonden van het gezicht en het verscheuren van de kledij van de dode.

 

Ook het voorspellen van de toekomst was in de Middeleeuwen een veel voorkomend verschijnsel, zoals het lezen van de vlucht van vogels, het gooien van graankorrels op een hete vuurplaat en het zoeken naar levende dingen onder een steen op weg naar het huis van een zieke (indien iets gevonden werd, zou de zieke genezen). De kant waaruit kraaien kraaiden, voorspelde het succes van een reis, terwijl sommigen wachtten met het verlaten van het huis tot de haan kraaide. Middeleeuwers verwachtten uit elke hoek gevaar en wilden dit via rituelen bezweren.

 

Vele rituelen staan vermeld in meerdere boeteboeken, maar het precieze doel van de rituelen werd slechts vaag omschreven. In de volkscultuur kon een ritueel immers zowel zwarte als witte magie dienen. Door de grote verscheidenheid van de vele rituelen kunnen die niet louter heidens genoemd worden. De boeteboeken verwijzen slechts zelden naar heidense goden of rituelen. De meeste parochianen waren vrome christenen, maar koesterden daarnaast nog magische gebruiken. Het middeleeuwse christendom kwam duidelijk niet volledig overeen met de leer van de clerus. Het was dus wel mogelijk om de oude goden en godsdienstige structuren te vernietigen, maar niet om traditionele levens- en denkwijzen aan te passen. Bovendien vormden christendom en magie voor de middeleeuwer geen gescheiden maar wel samenhangende werelden. Daardoor bestond een grote interactie tussen de oude magie en het nieuwe christendom:belangrijke zaken werden verwerkt in het nieuwe geloof.

 

Bovendien waren er ook magisch aandoende elementen in het christendom: de gewone gelovige dichtte bijvoorbeeld de geïdealiseerde heiligenlegendenmagische eigenschappen toe.Veel priesters, vaak zelf afkomstig uit een boerengezin, zagen de volkscultuur door de vingers en waren onwetend over de christelijke theologie. Bovendien gebruikte de Kerk zelf magische rituelen zoals het inwijden van velden, gereedschappen, voedsel enz. Het was dus moeilijk voor de gewone man om te begrijpen waarom zijn eigen magische rituelen, die in vele gevallen net hetzelfde doel hadden, verboden werden.

 

Toch zijn er zaken die we quasi zeker kunnen bestempelen als heidens. Tot in de 11de eeuw werden in Duitsland cultusfeesten georganiseerd waarbij de deelnemers bloed dronken of gebruikten als plengoffer, hoewel dit door de Kerk ten strengste verboden was. Het strikte christelijke dieet was duidelijk in strijd met de volkstradities dat eten rein en onrein kon zijn.

 

De boeteboeken sommen verder ook een hele reeks zonden op: dronkenschap, vraatzucht, braken, eten op ongepaste uren, … Ook dit was confronterend voor de bevolking. Noordse sagen spreken bijvoorbeeld over gevallen van collectieve dronkenschap. De ‘barbaren’ kenden geen matiging inzake eten en drinken. In het feodale tijdperk was feesten een zaak van de krijgersklasse. Toch bleef het iets dat de Kerk onmogelijk kon inperken en er zijn zelfs tal van voorbeelden bekend van priesters, abten en bisschoppen die zelf diep in het glas keken.

 

De kerkelijke wetgeving beperkte het huwelijk tot de 5de graad van bloedverwantschap. Geslachtsgemeenschap werd gezien als een opdracht van God aan de mens om zich te voort te planten en moest in overeenstemming met de christelijke moraal gebeuren. Zeer zware straffen werden opgelegd aan pedofielen, verkrachters, verleiders, overspeligen enz. Omdat geslachtsgemeenschap de mens wegtrekt bij God, werd het strikt gereglementeerd.

 

Vanwege het aanzetten tot zonde door Eva in de Tuin van Eden werd de vrouw als de incarnatie van de verleiding beschouwd.In het vroegmiddeleeuwse christendom is er een scheiding tussen lichaam en ziel. In theologisch-wetenschappelijke en volkse tradities werd de vrouw gelijkgeschakeld met het lichaam, lust, zwakheid en irrationaliteit. Mannen werden gelijkgeschakeld met de geest, rede en kracht. Belangrijk is dat het hier gaat om wijdverspreide culturele opvattingen: middeleeuwse theologen oordeelden dat het lichaam zich verhield tot de geest zoals de vrouw tot de man. Ook voor Hildegard von Bingen stond de getrouwde vrouw onder de macht van haar man zoals een dienaar onder de macht van de meester stond. Vanaf de 13de-14de eeuw hechtten theologen meer belang aan de relatie tussen lichaam en ziel en brachten ze beide componenten meer samen.

 

De uitgebreide opsomming van zonden in boeteboeken biedt een inzicht in de volkscultuur van de Middeleeuwen. Ieder aspect van die volkscultuur werd onderverdeeld in categorieën van zonden. We mogen aannemen dat veel zaken waarover de auteurs der boeteboeken bezorgd waren, echt voorkwamen. De volksmagie was een wereldverklarend systeem. Vele magische zaken kunnen in verband gebracht wordenmet folklore en sprookjes, maar vertellers van zulke verhalen werden meestal niet vervolgd. Het was een soort van onderaardse wereld in het dagelijkse leven van de middeleeuwer, die een bedreiging vormde voor de Kerk. Volksverhalen en folklore zijn een kunstige kopie die de realiteit verbloemt en zich afspeelt in een surreële afstand en tijd. Volksmagie wasdaarentegen een manier om de realiteit meester te worden en sociaal gedrag te bepalen.

 

Het belangrijkste verschil tussen magie en religie is dat religie de wereld humaniseert door de wereld en haar krachten een antropomorf karakter te verlenen en de goddelijkheid te personifiëren. Magie is daarentegen eerder een naturalisatie van de mens die hem een plaats geeft in de kosmos. In de pre-christelijke magische wereld maakte de mens deel uit van de natuur en werd er niet tegenover geplaatst zoals in het christendom. De mens voelde zich ingebed in de kosmos en volgde haar eeuwige ritme. In deze manier van denken waren magische rituelen geen toevoegingen aan de natuurlijke oorzakelijkheid, maar integrale delen van de manier waarop de wereld bewoog. Hierdoor werden het natuurlijke en bovennatuurlijke onverbreekbaar verbonden. De boeteboeken verwierpen echter quasi alles dat refereerde naar deze verbinding tussen mens en natuur. De mens voelde zichzelf nog altijd een deel van de natuur, maar vervreemdde ervan. De pre-christelijke magische gebruiken bleven dus voortbestaan in een nieuwe mentale context. De magiërs ontdekten de beperkingen ervan, maar het was voor hen te belangrijk om het zomaar los te laten. Doch tegelijkertijd waren zij zich ook bewust dat wat zij deden, eigenlijk zondig was.

 

De auteurs der boeteboeken waren bezorgd over de relatie tussen parochianen en natuur en wilden niet dat dit conflicteerde met de relatie tussen mens en God.De quasi oneindige opsomming van zonden en de abstracties van de christelijke theologie waren evenwel moeilijk te begrijpen, vooral voor de middeleeuwse boeren. Een boer volgt namelijk de cyclus van de natuur, alles herhaalt zich en is volgens hem een eeuwige cyclus. Ieder jaar is er een nieuwe geboorte en een nieuwe dood. Voor hem betekende de dood echter ook een vorm van wedergeboorte. Vandaar dat in de heidense religie een begrafenis met een feest werd afgesloten. Deze traditie zette zich tot het ongenoegen van de clerus ook in de Middeleeuwen voort. Vandaar dat in de magische rituelen vaak sprake is van toekomstvoorspellingen: wat ooit geweest is, kan opnieuw gebeuren en ipso facto is voorspellen mogelijk.

 

De christelijke tijdsbepaling is daarentegen uitsluitend lineair en historisch. De wereld ondergaat in de loop der tijd veranderingen en die kunnen niet meer ongedaan gemaakt worden. Dit had een grote impact op de gewone middeleeuwer. In het christelijke wereldbeeld ontwikkelde mendus een besef van zijn eigen deelname aan de goddelijke geschiedenis naar het ultieme einde: de Dag des Oordeels. Samen met de angst voor bestraffing der zonden leiddedit tot de geleidelijke aanvaarding van het idee van ‘geschiedenis’.

 

Conclusie

 

Het is duidelijk dat er in de Middeleeuwen niet iets bestond als het pure christendom. Sommige heidense en magische elementen bleven doorleven op voorwaarde dat ze niet in tegenspraak waren met de christelijke dogma’s, de canonieke wetten en de sociale orde. Magie en bijgeloof hoorden tot op zekere hoogte bij de middeleeuwse cultuur. Men mag ook niet vergeten dat de middeleeuwse cultuur zelf was opgebouwd uit verschillende invloeden. Het was dus zeker niet onmogelijk dat zelfs gerespecteerde clerici zich soms inlieten met magie.

 

De interactie tussen een archaïsche tijdloze wereld en de lineaire perceptie van tijdleidde tot het ontstaan van een parochiaal christendom: een volkse interpretatie van het officiële geloof dievoldeed aan de spirituele noden van ongeletterde parochianen.

 

 

Referenties

 

AUSTIN (G.), Shaping Church Law around the Year 1000: the Decretum of Burchard of Worms, Burlington, Ashgate, 2009, pp. XII + 344.

BILLER (P.) en MINNIS (A.), Handling Sin: Confession in the Middle Ages, York, York Medieval Press, 1998, pp. X + 219.

CHARON (V.), DE REU (M.), MILIS (L.) e.a., De Heidense Middeleeuwen, Turnhout, Brepols, 1992, pp. 184.

DEPLOIGE (J.), In nominefemineoindocta: kennisprofiel en ideologie van Hildegard van Bingen (1098-1179), Hilversum, Verloren, 1998, pp. 224.

GUREVICH (A.), Medieval Popular Culture: Problems of Belief and Perception, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, pp. XX + 275.

JONES (P.) en PENNICK (N.), A History of Pagan Europe, London-New York, Routledge, 1995, pp. 288.

MOSTERT (M.) en DEMYTTENAERE (A.), De betovering van het middeleeuwse christendom. Studies over ritueel en magie in de Middeleeuwen, Hilversum, Verloren, 1995, pp. 313.

NIJSTEN (G.), Volkscultuur in de Late Middeleeuwen: feesten, processies en (bij)geloof, Utrecht, Kosmos, 1994, pp. 160.

PELLAERTS (T.) en GEENTJENS (E.), Magie, hekserij en volksgeloof, Kapellen, Nederlandsche Boekhandel, 1986, pp. 159.

 

 

dimanche, 20 janvier 2013

Le radici culturali della decrescita: Meister Eckhart

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Le radici culturali della decrescita: Meister Eckhart

di Pier Luigi Tosi

Fonte: ilcambiamento


Meister Eckhart, vissuto tra il 1260 e il 1328, contemporaneo di Dante, domenicano, professore nell’università di Parigi, fu incriminato dal principe-vescovo di Colonia per eresia e probabilmente il processo, condotto presso la sede papale di Avignone, avrebbe avuto un’infausta conclusione se nel frattempo il protagonista non fosse morto, cosicché il papa potè limitarsi alla condanna solo di alcune proposizioni (con la bolla In agro dominico). Il frate filosofo e teologo espresse il suo pensiero sia con commenti alle sacre scritture, prevalentemente in latino, sia con predicazioni, prevalentemente in tedesco, che sono quelle che più ci interessano ai nostri fini.Per comprendere la forza di rottura dei suoi discorsi, dobbiamo tenere ben presente che operò nell’Europa a cavallo fra XIII e XIV secolo, totalmente dominata nella sua cultura dalla filosofia Scolastica e in particolare dalla Summa theologiae di Tommaso d’Aquino, come testimonia la Divina Commedia. Questa vera e propria opera omnia del pensiero filosofico e religioso presenta il cosmo e la creazione strutturati in maniera rigidamente gerarchica, con Dio al vertice, poi gli angeli, quindi gli uomini e al di sotto le creature animali e vegetali. L’essere umano si situa come cerniera fra mondo spirituale e mondo materiale, mentre il resto del creato è svilito in quanto considerato mera materia senz’anima e posto in sostanza alla mercé degli uomini.

Echkart reagisce, con suo notevole rischio personale, al sistema tomistico e propone un’inedita concezione di Divinità, spesso addirittura distinta e sovraordinata al Dio creatore, che deriva direttamente ed esplicitamente dall’idea di Uno -Tutto cui facevamo riferimento all’inizio. Nel sermone Unus deus et pater omnium si afferma: «Tutte le creature sono in Dio, e sono la sua Divinità, e questo significa la pienezza» e ancora «Dio è Uno, negazione della negazione». Con ciò si intende che distinguere il sé (con la minuscola) dalle altre creature, o un ordine di creature da un altro, significa compiere il più grave dei peccati e precludersi il cammino verso il Sé (con la maiuscola), che è la comprensione dell’unione intima con il Tutto. «Più Dio è riconosciuto come Uno, più è riconosciuto come Tutto» (in Unser herre underhuop und huop von unden uf siniu ougen).

Un altro esempio degno di nota di quanto diciamo è nel sermone Nolite timere eos: «Dio ama se stesso, la sua natura, il suo essere, la sua Divinità. Ma nell’amore in cui ama se stesso ama anche tutte le creature –non in quanto creature, ma in quanto Dio». In seguito: «Dove tutte le creature esprimono Dio, là Dio diviene» e «Perché le creature parlano di Dio e non della Divinità? Perché quello che è nella Divinità è Uno, e di ciò non si può parlare». Emerge con nettezza l’impossibilità di separare sé dagli altri, ma altresì l’uomo dal resto del creato: pensare nell’ottica di un «io« contrapposto alla realtà e agli altri viventi equivale alla negazione della Divinità e alla propria dannazione e disperazione. «Io solo porto tutte le creature nel mio intelletto, prendendole nella loro essenza spirituale, in modo che esse siano una cosa sola in me».

Così come nel sermone Surrexit autem Saulus: «Quando l’anima giunge all’Uno e vi penetra in un completo annullamento di se stessa, essa trova Dio come in un nulla».
Per il mistico tedesco Cristo, il Figlio, è assolutamente affine al Logos eracliteo. Ogni uomo è Cristo se è capace di annullarsi nel Logos, nell’Uno: «Alcuni, di animo non nobile, sono avidi di ricchezze. Altri, di natura più nobile, non fanno caso agli averi, ma cercano l’onore. Altri ancora risuscitano completamente, ma non con Cristo. Infine, si trovano delle persone che resuscitano completamente con Cristo» (da Si consurrexistis cum Christo).

La natura, umana e no, per il nostro autore è libera e indivisa; per comprendere ciò (la mistica eckhartiana fa dichiaratamente riferimento all’intelletto e, benché sia stata riscoperta in età romantica, è lontanissima da ogni irrazionalismo), occorre annullare la propria anima, cioè l’individualità, l’Ego, e renderla completamente partecipe del Tutto. Scrive il commentatore Vannini che «è l’io stesso a scomparire in quanto centro di volontà, centro di forza e di appropriazione (eigenschaft)». Non ci risulterà allora difficile capire perché l’inedita elaborazione di Meister Eckhart sia stata accostata alla mistica orientale (R. Otto) e in particolare al buddismo zen (D.T. Suzuki). Né ci parrà strano annoverare un frate domenicano medievale tra i maestri del pensiero che possono aiutarci a vedere il mondo in termini olistici e non come una riserva di oggetti e di risorse da sfruttare a nostro piacimento, uso e consumo. Ci rammaricherà invece constatare che, a sette secoli di distanza, l’uomo continui a perdersi, insista ad attrezzare tecnologicamente, in modo ognora più sofisticato, le smisurate ambizioni egoiche e il desiderio illimitato di appropriazione.

Tra le straordinarie intuizioni del teologo, vorrei segnalarne una, tratta dalla predica Ein meister sprichet: alliu glichiu dinc minnent sich under einander, ovvero «Un maestro dice: tutte le cose simili si amano reciprocamente«, che così recita: «Ma se il mio occhio, che è uno e semplice in se stesso, si apre e proietta la sua vista sul legno, ciascuno dei due resta quello che è, e tuttavia, nel compiersi della visione, diventano una cosa sola, tanto che si potrebbe chiamare davvero “occhio-legno”, e il legno è il mio occhio«. In qualche modo prefigura l’inestricabile unità, si potrebbe dire complicità, di osservatore e osservato, caratteristica della più avanzata fisica teorica, quella quantistica. Aristotele, fedelmente ripreso da Tommaso, nel De anima aveva affermato: «Nelle realtà immateriali sono lo stesso pensante e pensato«; qui però cade finalmente questa barriera tra immateriale e materiale, per cui in questa stretta comunione possono incontrarsi l’occhio e il legno, l’uomo e l’albero, mentre il pensiero catalogatore è un pernicioso freno alla comprensione della Divinità, che in termini platonici potremmo allora chiamare Anima Mundi.
Concludiamo il breve discorso dedicato a Meister Eckhart con due massime che assumono senso particolare nel contesto di un dibattito sulla decrescita:

«Ascoltate una parola vera! Se un uomo donasse mille marchi d’oro per costruire chiese e conventi, sarebbe grande cosa. Ma molto di più avrebbe donato chi stimasse un nulla mille marchi: questi avrebbe fatto molto più del primo»; «Dimentica ciò che è tuo e acquisirai la virtù».
«Quando l’anima giunge all’Uno e vi penetra in un completo annullamento
di se stessa, essa trova Dio come in un nulla». «Dimentica ciò che è tuo e acquisirai la virtù».

 


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mercredi, 09 janvier 2013

Jeudi 10 janvier, Pierre Vial au local!

Jeudi 10 janvier,

Pierre Vial au local

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mardi, 13 novembre 2012

Otto und das Reich

Otto und das Reich

 

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lundi, 12 novembre 2012

Kaiserin Adelheid

Kaiserin Adelheid

Die mächtigste Frau der Ottonen

 

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mercredi, 31 octobre 2012

Die Deutschen Ordensritter

Die Deutschen Ordensritter

mardi, 02 octobre 2012

La invasión musulmana de Hispania. De Guadalete a Covadonga (711-722)

La invasión musulmana de Hispania. De Guadalete a Covadonga (711-722)

por José Fermín Garralda Arizcun

El artículo valora la importancia histórica del tema, su marco histórico y el desgarro interior de Hispania como causa de la invasión musulmana, las cuatro primeras expediciones, deteniéndose en el misterioso “conde don Julián”, la expedición de contacto de Tarif y la expedición de invasión, la batalla de Guadalete y la expedición de conquista por Musa. Y termina con una reflexión sobre la “Pérdida y recuperación de España”

Don_Pelayo.jpg1. Importancia histórica de un gran tema

Llama la atención –introduzcamos- que, en este año de 2011, se guarde silencio sobre el 1.300 aniversario de la invasión de Hispania por los musulmanes. No se trata de una conmemoración, sino de un recuerdo que por varios motivos no puede dejarse de hacer.

No preguntemos el por qué de este silencio. Las Armas del Gobierno español están hoy combatiendo en la Libia de Gadafi, con sus bien buscados aliados. No sabemos si el motivo del silencio es no querer excitar a los musulmanes recordándoles su invasión de Hispania, convertida hoy en un lugar de reciente e intensa emigración, mientras España combate en Libia en apoyo a los rebeldes al Gobierno constituido. No creemos que recordar aquella invasión de 711 implique, sin más, poner hoy guardia a unos u otros, pues ello mostraría una escasa madurez personal y social por una u otra parte. Ahora bien, creo que “la cosa” no va por ahí. Es mejor pensar que el silencio sobre el significado del año 711 es porque Guadalete supone hablar de Covadonga (722).

 


Este tema, es uno de los principales de la historia de la Cristiandad occidental, Según el historiador José Orlandis:

“(…) el dramático y repentino final del Reino visigodo español fue una catástrofe histórica tan absoluta y de tal magnitud que resulta comprensible que, a lo largo de doce siglos, las generaciones sucesivas no hayan cesado de plantearse interrogantes y proponer respuestas que pueden dar la clave de un acontecimiento que todavía hoy sigue resultando sorprendente”.
 
Este acontecimiento conlleva muchas sorpresas. Sorpresas sobre quienes trajeron a los norteafricanos, sobre la enorme ingenuidad política de aquellos agentes, sobre los aliados internos de los musulmanes (un vasto clan nobiliario, algunos clérigos politizados, y la minoría hebrea), sobre lo que se pudo hacer por parte de los hispano visigodos y no se hizo como fue una sana reacción, y sobre la reacción final de una minoría cristiana que, si bien estaba interinamente vencida, no se dejaba derrotar. Tras un grano como semilla –la Fe religiosa- salieron cinco Reinos hispánicos y, al fin, la corona de las Españas, o de España, según se prefiera.

Sorprende la rapidez y contundencia como los musulmanes subordinados al califato Omeya de Damasco se impusieron a la monarquía visigoda, que daba una imagen de poder. Sorprende cómo los invasores provocaron el hundimiento, por arte de ensalmo, de una monarquía hispano goda, que parecía consolidada después de tres siglos. Sorprende el final de toda la estructura política, social, cultural y económica de un reino como el visigodo, que junto con el reino Franco y quizás el reino Ostrogodo, fue uno de los pocos reinos importantes que configuraron los germanos tras invadir el Imperio romano.

Este desplome fue sorprendente e inesperado tanto para los cristianos como para los musulmanes, y, lógicamente, también para los traidores al último rey hispanogodo, Rodrigo. Pues bien, esta larga y ardua página preparatoria que se abrirá de ocho siglos de historia de España, la continuarán la labor de España en la Cristiandad europea durante los 200 años posteriores, y la recreación de toda América, inmenso continente de inconmensurable espacios y grandiosa belleza, con una población sinceramente católica e hispánica al menos hasta hoy.

Sorprende que un reducido o discreto Ejército musulmán, tuviese tan buenos resultados, y ocasionase el hundimiento de su enemigo, el reino visigodo. De por sí, la invasión sólo podía producir algún quebranto, ya por el número de los combatientes, ya porque su retaguardia estaba muy alejada de la península, ya porque el nexo de unión de ambos lados del Estrecho era tan frágil como la inexperiencia naval de los musulmanes.

En conclusión: las razones del hundimiento de la monarquía visigoda hay que buscarlas sobre todo en el lado hispano. Por eso, hay que explicar previamente la crisis de la monarquía goda.

 

Ahora bien, a pesar de la crisis interna y global de Hispania, lo decisivo para el hundimiento del reino de Toledo fue la invasión del Islam. Lejos de la hipótesis estructural, afirmará Orlandis:

 

“Esta crisis intestina, que le restó capacidad de resistencia (al reino visigodo), facilitó el hundimiento de la Monarquía visigoda ante el empuje musulmán. Pero hay que reconocer que la invasión árabe fue el factor capital en la desaparición del Reino de Toledo y que el curso de los acontecimientos hubiera sido, con toda probabilidad, completamente distinto, de no haberse producido el asalto procedente del exterior”.

 

 

Veremos que la derrota visigoda frente al Islam se debió particularmente a los aspectos siguientes: a la división entre la nobleza goda, a la decadencia moral del rey Witiza, la traición del clan de los witizanos una vez fallecido el rey Witiza, y a las agitadas actividades de la minoría judía, que tanto había sufrido durante algunos reinados godos, aunque hubiese prosperado mucho en el último gobierno del rey Witiza. Es decir, el reino visigodo cayó por la sorpresa de los hispanogodos y no darse cuenta de lo que estaba ocurriendo, por la división política, por el juego del invasor de presentarse como aliado de una facción nobiliaria, por la falta de jefes naturales, por la incapacidad para unirse frente a un enemigo común, por la falta de una reacción a tiempo confiando en que “no pasaba nada” esencialmente diferente a lo vivido hasta entonces, por la crisis que atravesaban no pocos eclesiásticos, la inmoralidad de costumbres en las élites, y las complicidades interiores con los invasores.

Sabemos que el año 711 fue el comienzo de una larga invasión, pues durante 800 años se sucedieron las invasiones islámicas de la península Ibérica desde el Norte de África. Si bien comenzaron con el conde don Julián, Tariq y Musa, después llegarán aportes sirios y árabes y, sobre todo, numerosas oleadas musulmanas, norteafricanas y guerreras hasta el fanatismo, de almorávides (siglo XII), almohades (siglo XIII, con las Navas de Tolosa en 1212) y los benimerines (siglo XIV). Ahí está también la amenaza turca sobre la Granada de Boabdil, amenaza continuada en los siglos XVI y comienzos del XVII. Incluso Felipe V de Borbón, llevó sus Armas al Norte de África a comienzos del s. XVIII.

Conocíamos las responsabilidades del conde don Julián, pero no creíamos que fuesen tantas. No obstante, como no hay mal que por bien no venga, al fin se formó España, dominadora del Orbe, cuna de San Ignacio, espada de Roma, cuya constitución y grandeza fue la unidad católica, pues, como decía Menéndez y Pelayo sobre la unidad de España, España no tiene otra unidad.

2. Marco Histórico y desgarro interior de Hispania como causa de la invasión musulmana

2.1. Desgarro Interior

En la monarquía hispano goda se había roto el espíritu público, esto es, el concepto de pueblo y de monarquía para el bien común. ¿Por qué? Citemos varios motivos:

1º Las clientelas nobiliarias originaron fuertes clanes político-familiares, y a menudo estos se enfrentaron entre sí por el poder del trono. La aristocracia visigoda, antaño guerrera, originó enfrentamientos en su seno. Incluso politizó a los obispos de Sevilla y Toledo, que eran del clan witizano. Los visigodos habían perdido sus virtudes castrenses. Debido a esta división, las resistencias que los hispanogodos presentaron a los islamitas fueron aisladas; de ofrecer un frente común, los musulmanes no podían haber aguantado debido a su escaso número y al ir desplazándose hacia el norte lejos de sus bases de abastecimiento.

2º La desmoralización popular se refleja en la excesiva carga fiscal y la desmovilización militar del pueblo. Aumentó mucho el número de siervos fugitivos, así como el de suicidios, que llegó a preocupar a los obispos hispanogodos, lo que muestra el desequilibrio psíquico de muchos individuos. Por su parte, el holandés Dozy ha pintado un oscuro retrato de la sociedad hispano visigoda y de la Iglesia en Hispania, debido quizás a su fanatismo anticlerical. Más bien habrá que señalar que dicha Iglesia ofreció resistencia al nuevo estado de cosas y que estimulará los núcleos de resistencia en las montañas del norte de Hispania.

3º La crisis económica se expresó en el envilecimiento de la moneda, y el enrarecimiento del comercio exterior. Ahora bien -y fruto de un inmoderado afán de acumular síntomas de decadencia-, no se debe incidir demasiado en ella, porque también existieron otras crisis –hambres y pestes- durante las dos centurias anteriores, por ejemplo en los reinados de Ervigio y Egica (Orlandis). Si hubo hambres en los años 707 y 709, en 710 hubo una estupenda cosecha.

4º Fue continuo el conflicto con los judíos debido a las prevaricaciones de los falsos conversos. Ello hizo que los Concilios XII, XIII y XVI de Toledo decretasen unos cánones restrictivos para su libertad. A ello los hebreos sumaron diversas conspiraciones, sobre todo la del año 694, fraguada entre los hebreos hispanos y los de Ultramar, provocando así la singular dureza en los cánones del Concilio XVII de Toledo. En este punto, observo una dicotomía entre la prudencia de Orlandis y lo que recogen otros autores. Para Orlandis: “Es imposible comprobar lo que pudiera haber de verdad en estas noticias, aunque la conducta observada por los judíos españoles cuando se produjo la invasión islámica obliga –dice- a no descartarlas a priori como una pura invención”. Por otra parte, ¿no es difícil que todo un concilio inventase semejante conspiración? Menéndez y Pelayo da por cierta dicha conspiración “contra la seguridad del Estado”. También la afirma el holandés Dozy, aportando interesantes detalles, confirmados por la Enciclopedia Judaica Castellana. Dozy señala que:

“(…) hacia 694 (…) proyectaron una sublevación general, de acuerdo con sus correligionarios de allende del Estrecho, donde varias tribus beréberes profesaban el Judaísmo y donde los judíos desterrados de España habían encontrado refugio. La rebelión probablemente debía estallar en varios lugares a la vez, en el momento en que los judíos de África hubiesen desembarcado en las costas de España (…)”.

También será muy importante la aportación de los hebreos en la preparación y desarrollo de la invasión islamita, desde alentar a los islamitas a realizar la invasión, y darles medios, hasta ayudarles a mantener con guarnición las ciudades que los islamitas y witizanos conquistaban

5º La crisis eclesiástica afectó al clero y sobre todo al episcopado, lo que choca con la labor de los 17 concilios toledanos, y las grandes figuras de la Iglesia hispanogoda, por ejemplo san Julián de Toledo que convocó el XV Concilio y, san Félix, arzobispo de Toledo, que convocó el XVII Concilio en esta ciudad. Así pues, entre los obispos hubo una progresiva germanización y una cada vez mayor presencia aristocrática. Que hubiese más talante señorial que espíritu eclesiástico, lo muestran don Oppas, arzobispo de Sevilla, y Sisberto, obispo de Toledo.

6º Es muy posible que los witizanos creyesen al comienzo que los musulmanes iban únicamente a apoyarles para que accediesen al trono, y que luego tendrían que darles la recompensa. Esta bien podría ser la plaza de Ceuta, tesoros, o bien una parte del sur de España como Atanagildo hizo y entregó a los bizantinos por el apoyo prestado.

7º Es muy probable que los hispanogodos no advirtiesen el peligro que suponía la presencia y correría islamita. Quizás creyesen que los witizanos debían seguir apoyándose en los musulmanes al no haber vencido totalmente a los partidarios de Rodrigo, o bien porque este último estaba vivo.

A ello se suma el empuje de la guerra santa de los islamitas dispuesta en el Corán y seguida literalmente durante los primeros siglos. En realidad, el Corán no admite interpretaciones. Esta nueva y joven religión ofrecía una mística de combate superior al espíritu desprevenido de los hispanos, y sobre todo al hecho de que estos no advertían el peligro que suponían los invasores.

2.2. Marco Histórico

El marco fue el siguiente. El rey Egica (687-702), que fue un monarca enérgico, quiso garantizar la sucesión al trono asociando a él a su hijo Witiza, que por vía de aprendizaje y cooptación fue enviado a gobernar el antiguo reino de los suevos, allá en Galicia. Witiza fue ungido rey de Gallecia en el año 700. Ambos, Egica y Witiza -padre e hijo- hicieron frente a varias sublevaciones nobiliarias, que reprimieron con dureza, apartando a los culpables de cargos del oficio palatino y confiscándoles sus bienes. Seguramente fue Egica quien de ambos más decisión mostró en la represión de los rebeldes.

Muerto Egica, su hijo Witiza fue el único rey (702-710). Witiza inició una política de atracción de los nobles desobedientes pero sin resultado alguno. Si inicialmente dio pruebas de ser un buen rey, al poco tiempo mostró una gran debilidad política, corrupción moral, anuló la legislación antijudía para a continuación favorecer mucho a los hebreos. A pesar de ello, Witiza sufrió la sublevación de un tal Pelayo, hijo del Fafila que había muerto en sus manos por ser responsable de una anterior sublevación. Pues bien, parece que este Pelayo fue el caudillo e Covadonga, el primer caudillo o príncipe –no rey- de Asturias.

Según Albanés, el despotismo de Witiza hizo que el célebre Eudon (algún autor dice que seguramente hebreo) provocase una conjura, de modo que la nueva junta o senado creado pensó como rey en Rodrigo, nieto de Receswinto. En breve, en el año 710 murió Witiza, joven, con menos de 30 años. Dejó tres hijos: Akhila, Olmundo y Ardabastro. ¿Quién ocupará un trono ambicionado por los linajes o clanes? Según unos, la mayoría de los nobles legalizó el reinado de Rodrigo, y según otros –los que omiten la conjura de Eudon- la aristocracia rechazó los intentos de poner a Akhila, “y procedió a la designación de un sucesor a la corona, sistema raramente aplicado en la práctica, pero (…) legal” (Orlandis). A efectos prácticos era lo mismo. Ocupó el trono un nuevo rey, Rodrigo. Aunque este era, sin duda, el rey legítimo, sufrirá la sublevación de los seguidores de los hijos de Witiza, que se apoyarán en los islamitas (y hebreos, que habían sufrido la legislación y política hispano goda) para ser después conquistados por los guerreros del Islam. El clan witizano dirigido por los hermanos del difunto Witiza –don Oppas obispo de Sevilla y Sisberto arzobispo de Toledo- “no se resignará a su derrota y planeó la conquista del trono con ayuda extranjera” (Orlandis). No obstante, la ayuda exterior no era algo nuevo, pues Atanagildo había logrado ser rey con auxilio de Bizancio en el año 555, y Sisenando con apoyo del reino franco en el 631.

Al otro lado del estrecho, aunque todavía no alzado el poder musulmán, los witizanos podían apoyarse en los muslines. Por su parte, independientemente o de forma coordinada, también podían actuar los hebreos favorecidos por Witiza entre los no pocos hebreos expulsados de Hispania. Es ahora cuando entra en escena el conde don Julián, que introdujo a los musulmanes en España.

3. Las cuatro primeras expediciones

3.1. El misterioso Conde D. Julián


El llamado conde don Julián era -al parecer- de origen bizantino, aunque pudiera ser godo o tener otro origen. Recordemos que Bizancio estuvo presente en el Norte de África, desde Cartago a Ceuta, desde el s. VI. Don Julián –la leyenda le llamará “conde don Julián”- era tributario o “cliente” de Witiza. Existen relatos legendarios que nos refieren los ultrajes que recibió del rey don Rodrigo, de los que prescindimos además de no ser creíbles. Mandaba el presidio de Ceuta, que quizás fuese el refugio más perfecto para los witizanos ansiosos de la revancha contra Rodrigo. Fue el intermediario del grupo witizano. Pues bien, ¿de qué fue responsable ante la Historia el conde don Julián, si prescindimos de la fantástica reivindicación de don Julián por el novelista Juan Goytisolo (México, 1966)?

El conde entró en contacto con el gobernador árabe de la zona occidental de África del Norte, llamado Musa-ben-Nusayr, que buscaba consolidar el dominio musulmán en la zona de Magreb. Recordemos el escaso éxito que tuvo la religión islámica entre los beréberes. Musa residía en Trípoli, y tenía su segundo, un tal Tarik, gobernando el Magreb (Marruecos) con sede en Tánger.

Las primeras proposiciones de don Julián a Tarik inspiraron a los musulmanes serios recelos. A ello se añadía la gran dificultad de los musulmanes para cruzar el estrecho, debido al hecho de desconocer del arte de la navegación, a carecer de barcos, y a convertirse el Estrecho en un mar bravío por la confluencia de las aguas atlánticas y mediterráneas.

Don Julián quiso convencer a los musulmanes ofreciéndoles hechos y no sólo palabras. Así, hizo una expedición de sondeo dirigida contra la península, formada sólo por cristianos. Esta expedición regresó a Ceuta a finales de 709 con mucho botín y la importante información de la falta de resistencia visigoda. La noticia llegó a Musa y, después, al califa de Damasco. Interesa saber que el califa omeya estaba al tanto de estos asuntos. Los musulmanes mostraron suspicacias, además del temor del califa porque las recientes conquistas musulmanas todavía no se habían consolidado. Crecer en territorios y población sin consolidar la ocupación del lugar podía ser muy contraproducente.

Por parte musulmana todo eran suspicacias, incapacidades y temores, mientras que por parte de don Julián, los witizanos y los hebreos, todo era allanar caminos, dar apoyos, y mostrar facilidades de botín.

En efecto, los muslines no actuaban solos. Según Sánchez-Albornoz:

“Tariq y Muza contaron enseguida con dos formidables quintas columnas: los witizanos, que constituían una facción nobiliaria y poderosa, y los judíos, hasta allí perseguidos, y en tres años conquistaron raudos Hispania” (Sánchez-Albornoz, “El drama de la formación…”).

3.2. La expedición de contacto de Tarif

En julio de 710, un puñado de 400 hombres al mando de Tarif-ben-Malluk, que era un liberto, embarcaron en cuatro navíos proporcionados, al parecer y de nuevo, por el conde don Julián. Los 400 hombres se distribuían en 300 infantes y 100 caballeros. Desembarcaron en Tarifa, lugar que recibió el nombre del jefe musulmán. La expedición de saqueo (gazúa) fue un éxito, pues, sin encontrar resistencia alguna, se tomó un abundante botín, del que destacaban bellas mujeres. La codicia del desierto parecía insaciable: disminuyeron los recelos y los magrebíes decidieron emprender campañas más potentes, con idea incluso de intervenir en la península de una forma sólida y efectiva. La expedición fue de contacto y una tentativa exitosa.

3.3. Tarik y la expedición de Invasión. La Batalla de Guadalete (711-714)

Debido al botín recogido, Muza envió una nueva expedición de invasión y conquista. La dirigió un guerrero diferente al anterior: Tarik ben Ziyad (Tariq o Taric). Para unos autores era una persona de oscuro origen. Manuel Riu señala que era persa de Hamadán. Ello no impide que según el rabino Jacob S. Raisin, Tarik era “un judío de la Tribu de Simeón”, hijo de Cahena, converso al Islam. Tarik gobernaba Tánger a las órdenes de Musa. Debido al éxito de la anterior expedición, la nueva gazúa la componían las cuatro naves ya utilizadas, más otras nuevas, buscando con ellas mantener un tráfico fluido entre las dos columnas de Hércules, a ambos lados del estrecho. De nuevo intervino el conde don Julián para asesorar sobre el terreno y para aportar la colaboración de sus partidarios.

Según el rabino Raisin, la invasión de la España goda la realizaron “doce mil judíos y moros”. La expedición estuvo bien preparada porque aprovechó la ocasión de que el rey Rodrigo estaba muy ocupado combatiendo una rebelión al Norte de España, al parecer contra los vascones sublevados en Pamplona. Según R. C. Albanés, esta sublevación la promovió la comunidad hebrea de dicha Pompaelo.

¿La fecha de la invasión?: el 27-IV-711. La expedición llegó a Calpe, que luego se llamará Gibraltar (de Yabal Tarik o montaña de Tarik). Con la retaguardia en Gibraltar, Tarik se dirigió a la bahía de Algeciras, que llamarán “Isla Verde”. Como sólo tenía 7.000 hombres y todavía muchos recelos hacia la oferta de don Julián, debía tener precauciones. Entre dichos hombres había una gran mayoría de berberiscos y libertos, y sólo unos 50 árabes. Pensó ir a Sevilla, para lo cual solicitó refuerzos. A pesar de que su superior Musa le envió 5.000 beréberes –lo que indica que estaba muy comprometido-, y los witizanos le apoyaron fuertemente, estos 12.000 hombres todavía no eran suficientes para que Tarik tomase la iniciativa. Esto es significativo de la insuficiencia y escaso número de musulmanes llegados de África durante mucho tiempo, lo que refleja los graves errores de los hispanogodos.

A las dos o tres semanas de la invasión, la noticia llegó al monarca don Rodrigo. Conocedor de lo que ocurría en la Bética, el rey se trasladó con rapidez a Córdoba, donde organizó un ejército de 40.000 soldados. Una pregunta surge ahora: ¿es que el monarca visigodo era un simple sargento al ir de aquí para allá, en vez de tener un Ejército organizado con unos mandos capaces de todo?

Inicialmente, los musulmanes eran colaboradores de una insurrección witizana contra el rey legítimo que era Rodrigo. Pero pronto fue al revés. No obstante, las dudas de Tarik no eran infundadas debido a los escasos apoyos que recibían los witizanos por parte de la población. Como los refuerzos recibidos de África no eran tan elevados, y quizás porque los beréberes habían sido convertidos al Islam recientemente, Tarik solicitó ayuda por segunda vez.

Rodrigo, reunió en Córdoba a los nobles hispanogodos, y quizás pensó que la rapidez sería su mejor aliada, para que los refuerzos africanos no se uniesen con los witizanos de Sevilla. En Sevilla estaba don Oppas y en Toledo don Sisberto, con sus tropas, ambos arzobispos traidores y hermanos de Witiza.

La batalla de Guadalete.
Sánchez Albornoz ha estudiado con detalle la localización del lugar de la batalla y las primeras actuaciones de los invasores. El lugar de la batalla fue la orilla del río Guadalete (Wadi-Lakka), cerca de Arcos de la Frontera. Riu señala que fue a orillas del río Guadarranque, entre la Torre de Cartagena y Gibraltar. Los árabes hablan de cien mil cristianos, pero es una cifra exagerada para magnificar la victoria de los invasores. Tarik tenía unos 17.000 beréberes y africanos, a los que se sumaron los witizanos.

La batalla de Guadalete se desarrolló entre el 19 al 26 de julio, quizás el día 23. El factor decisivo fue la formación del Ejército de don Rodrigo, pues las alas estaban dirigidas por los partidarios de Akhila -hijo del difunto rey Witiza-, concretamente por los witizanos el arzobispo de Sevilla, don Oppas, y Sisberto, arzobispo de Toledo ya citados. La batalla duró dos días, con ventaja inicial para los visigodos debido a la caballería de la que carecían los berberiscos. Ahora bien, en el momento en el que los islamitas quisieron retroceder ya en lo más duro del combate, las alas del ejército con el arzobispo Oppas se retiraron y cambiaron sus armas de dueño, dejando solo a don Rodrigo en el centro del ataque general. Don Julián también estaba ahí. El rey visigodo fue incapaz de frenar el choque en condiciones tan desiguales, y fue derrotado.

Al parecer, Rodrigo murió en la batalla y su cadáver fue río abajo, pues se encontró a su caballo, sólo, junto a la orilla. Ahora bien, es posible que el cadáver no encontrado fuese recogido por los fieles o “gardingos” del séquito del rey, pues según la “Crónica Rotense” (s. IX), en la población portuguesa de Viseo se encontró un sepulcro con la inscripción: “Aquí yace Rodrigo, el último rey de los Godos” (Orlandis). Los restos del Ejército hispanogodo se retiraron hacia Córdoba. La derrota visigoda permitió a los musulmanes reforzar su caballería, facilitando su movilidad y haciendo posible la dispersión de sus tropas. Sin embargo, Tarik les persiguió, les dio alcance, y les derrotó de nuevo en Astiog (Écija). Como prueba de la traición de los witizanos, Sánchez-Albornoz cita, entre otros testimonios, el del Ibn al Qutiya -descendiente de Sara, nieta de Witiza-, quien dejó escrito con orgullo que sus abuelos habían traído consigo el Islam a la península.

Las cifras de las tropas de ambos bandos no son seguras. Hemos dicho que las fuentes islámicas citan 100.000 cristianos, y las cristianas un total de 187.000 enemigos del rey Rodrigo. Dichas fuentes no son creíbles. Ambas cifras son exageradísimas. Por su parte, Collins menciona 2.500 cristianos y 1.900 invasores. Lewis hace ascender el número a 33.000 y 12.000 respectivamente. Al fin, lo más probable es que fuesen 40.000 del rey Rodrigo frente a 25.000 musulmanes, witizanos y hebreos. Luego vino la traición en plena batalla, que ha quedado viva en el recuerdo de los españoles.

A continuación, Tarik dividió sus tropas en tres secciones. La primera sitió Córdoba, que fue ocupada antes del 20 de agosto. La segunda fue hacia Granada y Málaga, con el objeto de recibir el apoyo en nombre de los witizanos o bien que se rindiesen los rodriguistas leales. La tercera, con él al frente, se dirigió hacia Toledo, para impedir que los realistas se reorganizasen. Los signos de descomposición interna anteriores al 711 se mostraron a la luz. Incluso el arzobispo de Toledo, Sinderedo, abandonó la defensa del Reino y huyó a Roma. Muchos otros le imitaron. Este es un elemento más para hacernos cargo de la situación. El 11 de noviembre del 711 la fuerte capital del Reino hispano visigodo se rindió a la Media Luna porque los hebreos abrieron las puertas de la ciudad. Tarik encontró una gran parte del inmenso botín que el rey godo Alarico tomó cuando saqueó Roma hacía 300 años, antes de llegar a Francia.

La táctica de Tarik era evitar que los hispanogodos se agrupasen. Tenía que perseguirlos. En la rapidez estaba su éxito. Por eso, siguió hacia el Noroeste: Guadalajara, Osma, Castrogeriz y Amaya (al Norte de Palencia). Musa, desde la actual Libia, estaba al corriente de estos éxitos, pero la envidia le corroía. Tarik hacía su campaña, su guerra, se separaba de sus propias directrices, ganaba oro, y mostraba una espectacular empresa a los ojos del mundo conocido. ¿Qué directrices tenía Tarik? Tras Guadalete, Tarik debía detenerse a la espera de instrucciones. Pero él siguió adelante, hacia el Norte. Esto, además de una desobediencia a Musa, era imprudente porque se iba separando de sus bases y debilitando sus fuerzas. Desde luego, cualquier apoyo de la minoría judía era inestimable. De nuevo Tarik pidió tropas auxiliares a Musa. La política de Musa tenía que cambiar, pues inicialmente estaba encaminada a consolidar su posición en el Norte de África y ampliar sus dominios hacia en Atlántico, no hacia el Norte. Desde Amaya, Tarik fue a Astorga y de ahí se volvió a Toledo, agotado.

Según numerosos autores de origen musulmán, hebreo, y otros nada sospechosos de antisemitismo como Amador de los Ríos, o bien cristianos, los hebreos patrocinaron la invasión con hombres y dinero, con dirigentes; no pocos hebreos del norte de África entraron con los islamitas, los que estaban en Hispania abrieron las puertas de las principales ciudades (por ejemplo Toledo), y en todas partes aportaron piquetes de tropas y guarniciones para custodiar las ciudades que los islamitas no podían proteger. Seguramente los hebreos se consideraron vencedores. Esto continuó en tiempos de Musa. Ya hemos citado el motivo: la legislación de los Concilios de Toledo contraria a los judaizantes, y los cánones del XVII Concilio toledano, que fueron muy perjudiciales para los hebreos debido a la conspiración ocurrida contra la seguridad del Reino. Aunque apoyaron a los muslines, con el tiempo serán mal tratados por ellos al igual que los cristianos.

3.4. Expedición de conquista por Musa (712-714), “Pérdida y recuperación de España”

De nuevo estamos ante una expedición de conquista, pero también fue de consolidación. Musa organizó un ejército de alta calidad: no lo formaban beréberes sino 18.000 árabes, sirios y las nuevas aristocracias musulmanas. Era junio de 712. Casi un año de Guadalete. Musa llegó a Algeciras. El nuevo jefe quería plantear la campaña de una manera diferente a la de Tarik, para mostrar así que era él quien mandaba. De esta manera, se propuso consolidar su dominio sobre el Sur peninsular. Reconquistó Medina Sidonia, Alcalá de Guadaira y Carmona. El hecho que Medina Sidonia se hubiera perdido antes, significa que los hispano visigodos del lugar no querían entregarse. Llega a Sevilla, que puso una débil resistencia. La guarnición visigoda de Sevilla se retiró voluntariamente a la próxima región de Niebla, en la actual Jaén.

Musa puso la mirada en Mérida. Esta ciudad era una de las más importantes de Hispania por su raigambre, su población, su riqueza comercial, la pluralidad de gentes y su situación. Los principales partidarios del rey Rodrigo se habían refugiado en ella. Si Mérida aguantaba –y a ello estaban dispuestos sus jefes y su población-, los moros se detendrían y además verían cómo otras ciudades les podían imitar.

Mérida significó el primer descalabro de Musa. Esta ciudad aguantó desde los inicios del invierno de 712 hasta final de mes de junio de 713. Incluso Sevilla se sublevó. Musa envió a su hijo a sofocar la rebelión de Sevilla con gran dureza, lo que hizo, además de controlar los focos rebeldes de Niebla, Beja y Ossonoba, y dominar Andalucía hasta Murcia. Mientras Musa mantenía el sitio a Mérida, su hijo Adb-al-Aziz-ibn-Muza logró la capitulación del conde godo Teodomiro de Murcia, con capital en Orihuela, en abril de 713. Teodomiro fue sometido sin lucha y pactó con el islamita. En el pacto se reconoce a Tudmir ibn Gandaris (Teodomiro), a su familia y a la población de siete ciudades (Balantala, Elche, Iyih, Locant, Lorca, Mula, Oriola), la protección de Alá y su profeta, su libertad y la de sus gentes, y poder seguir siendo cristianos y conservar sus iglesias. A cambio, Teodomiro debería comunicar cualquier noticia que afectase a la seguridad de los musulmanes, y su pueblo debía abonar fuertes tributos, es decir, cada hombre un dinar, cuatro almudes de trigo, cuatro de cebada, cuatro medidas de vinagre, una medida de miel y otra de aceite, mientras que el esclavo abonaría la mitad de esto. Estos tributos eran muy fuertes. Dichas capitulaciones fueron revalidadas más adelante por el califa Marwan. Todo ello indica cierta autonomía en el “Estado” de Teodomiro, valorado por los historiadores de manera diferente (Valdeavellano, Ubieto, Sanchis y Guarner, Soldevila, Lacarra etc.). Esta autonomía más adelante se oscurecerá para de nuevo reaparecer cuando una de las divisiones administrativas del emirato independiente de Córdoba sea la cora o provincia de Teodomiro.

Mientras tanto, el sitio de Mérida se prolongaba, aunque fue ocupada el 30-VI-713. Estos éxitos, más el tesoro encontrado en Mérida, permitió a Musa llegar a Toledo para que Tarik le rindiera cuentas. La entrevista, realizada en Almaraz (el Encuentro), en la confluencia del Tiétar con el Tajo, fue turbulenta. Tarik fue humillado, siendo uno de los motivos de la ira de Musa la forma como este había repartido los tesoros.

Musa llegó a Toledo y aquí estuvo el invierno del 713 al 714. Desde la antigua capital hispanogoda, se encargó de dominar el sur de Hispania, informar al califa de Damasco, y darle cuenta de las abundantes riquezas.

Ya con el buen tiempo, pues los ejércitos lo necesitaban para las campañas, Musa y Tarik se dirigieron con éxito hacia Zaragoza (714) y Medinacelli, mientras el conde visigodo Casius (iniciará la familia Banu Quasi de Tudela), que gobernaba Borja y Tarazona, apostató al convertirse al Islam para conservar su gobierno. En Zaragoza, Musa recibió un primer mensaje del califa para que viajase a Damasco. No se sabe a ciencia cierta cómo Musa ocupó Cataluña, pues discrepan la Crónica del Moro Rasis y las investigaciones de los historiadores Claudio Sánchez-Albornoz y de Abadal.

En realidad, en Cataluña gobernaba uno de los hijos de Witiza, Akhila, que era un firme aliado de los musulmanes. Ya no sabemos si ellos eran aliados de aquel o, más bien, aquel de ellos. El hecho es que Akhila y sus hermanos, Olmondo y Ardabastro, estaban en Damasco, “negociando con el califa las condiciones de un acuerdo que les permitiera mantener en España la situación de privilegio que ansiaban y que les indujo a buscar el apoyo árabe” (Luis V. Díaz Martín). Asegurada Cataluña por Musa debido a no temer nada de este lugar, y además sin llegar a ocuparla –salvo Tarragona-, se dirigió al Oeste: hacia Bribiesca y Astorga. Se discute su Musa entró en Asturias; Sánchez Albornoz afirma que pudo enviar una pequeña tropa pero sin consecuencias. Ya estaban por aquí los partidarios de Rodrigo. De Astorga, fue a Galicia, logrando la conquista de la fortificada ciudad de Lugo como límite Norte máximo de su expansión por la península. 

Estando en Lugo, Musa recibe un segundo mensaje del califa para que viajase a Damasco. Después de dejar todo bien seguro, y a su hijo Abd al-Aziz al cargo de Sevilla en calidad de gobernador (amir), Musa, acompañado de Tarik, fue a Damasco, poco antes del fallecimiento del califa al-Walid. La llegada a Damasco se realizó con mucho botín y hasta 30.000 prisioneros (Riu). El nuevo califa, Sulayman, dejó de lado a Musa, quien al pronto falleció en el más completo olvido. 

No sólo interesa la rápida conquista de Hispania, sino que a pesar de la debilidad musulmana los hispanogodos no se rebelaron. Aceptaron de hecho la situación. Divididos entre witizanos y rodriguistas, sin verdaderas élites y sin rey, no sólo fueron vencidos sino que fueron derrotados por decadentes. Una parte de los visigodos, los witizanos, se habían entregado al vencedor, aunque inicialmente creían que iban a servirse del musulmán. Esperaban su recompensa, que no fue el trono sino los 3.000 fundos patrimoniales del rey visigodo. Así, “A la traición de los hijos y fieles de Witiza siguió la de los generales vencedores. En lugar de entregar el reino a quienes les habían llamado y auxiliado, proclamaron la soberanía del califa de Damasco” (Sánchez-Albornoz, “El drama de la formación…”). 

Pero no toda Hispania estaba ocupada por los musulmanes: sólo había en ella un reducido ejército islamita y en lugares concretos. Sobre todo había sumisión en muchos gobernadores territoriales, entre ellos Teodomiro de Murcia y Casio del Alto Ebro. En muchas zonas, sobre todo las rurales –la población por entonces era predominantemente rural- la presencia musulmana era escasísima. En muchas ciudades y fortificaciones los efectivos islamitas no eran suficientes. Las élites visigodas y los obispos hispano visigodos parece que habían desaparecido. Los witizanos podían haber abandonado a los musulmanes, aunque los hebreos quizás siguiesen apoyando a estos últimos. Los musulmanes junto con los hebreos no eran más poderosos que los hispano visigodos unidos. En absoluto. Hubo resistencias locales o parciales, pero fracasaron por la desunión; muy diferente se hubiera escrito la historia si los hispanogodos hubiesen presentado batalla todos juntos. Por otra parte, y como aporte demográfico, a mediados del siglo VIII “no sobrepasarían la cifra de treinta mil las gentes llegadas a las playas hispanas desde el otro lado del Mediterráneo (Sánchez-Albornoz). Según Riu, cuando en el 741, con ocasión del alzamiento de los beréberes contra los árabes, lleguen entre 7.000 y 12.000 sirios, el total de musulmanes llegan a Hispania oscilaría entre los 21.000 y 36.000 islamitas, que estaban establecidos al sur y conservaron su agrupación por tribus, distribuidas por distritos militarizados. Otros autores señalan 35.000 invasores, procedentes de los 17.000 de Tarik y 18.000 de Musa. Una vez repuestos de la sorpresa de la invasión, y debido a las posteriores guerras civiles entre los musulmanes, los cristianos hubieran podido expulsar en poco tiempo a los islamitas. Ahora bien, una vez perdidas las diversas ocasiones, fue la fundación del dominio Omeya independiente en Hispania lo que perdió la península para los cristianos, exigiéndoles una costosa reconquista.

Es muy posible que la vida ordinaria de campesinos, artesanos y pequeños comerciantes hubiese seguido igual que antes, que la Iglesia mantuviese intacto su ministerio y su organización, y que los jefes anteriores mantuviesen sus puestos aunque subordinados a los islamitas. Quizás los witizanos, sin reconocimiento alguno por parte de los invasores, considerasen reyes a los hijos de Witiza, pues una crónica mozárabe señala los nombres de “Achila regnavit annos III, Ardobastus regnavit annos VI”. No obstante, al no serles reconocido poder político alguno por los islamitas, los sucesores de Witiza se fusionaron con la aristocracia árabe. 

Muchos nobles visigodos se habían rendido a los musulmanes, que ocuparon la península más por capitulación y pacto que por victoria militar. Estos nobles siguieron gobernando sus territorios. A unos se les exigía la sumisión completa a las autoridades musulmanas por haber opuesto alguna resistencia (capitulación), como hacían los romanos con las ciudades estipendiarias. A otros, los gobernadores los musulmanes les reconocían cierta autonomía política mediante pacto, como es el caso de Teodomiro. Algunos nobles no tuvieron reparo en islamizarse como el citado conde Casius del Ebro. En ambos casos, los cristianos podrían seguir siéndolo siempre que pagasen el impuesto de capitación (yizya), es decir, un impuesto personal o per capita, así como el tributo de la contribución territorial (jaray). Estos tributos eran muy onerosos para muchos pobladores y “seguidores del Libro” en la península. Esta era la proclamada tolerancia hacia los cristianos. Añadamos a ello las persecuciones en Córdoba (San Eulogio, s. IX) y otros lugares. Muchos siervos y colonos que estaban bajo la jurisdicción pre-feudal de un señor visigodo, ahora cambiarán de señor y será un musulmán, lo que no significo “una renovación general de la agricultura, ni del sistema de propiedad agraria” (Riu). 

El hijo de Musa se dedicó a una labor de pacificación. Se acercó a los seguidores de don Rodrigo, y quizás se casase con la viuda de Rodrigo, llamada Ailo o Egilona. Temeroso el califa del acercamiento del hijo de Musa a los vencidos, en marzo de 716 ordenó su decapitación. Esto indica que todo lo ocurrido en España interesaba directamente al califa. Quizás fuese el momento de la rebelión, pero ningún hispanogodo se movió. 

Del 716 al 719, el nuevo gobernador al-Hurr puso en práctica el acuerdo firmado entre el califa de Damasco y los hijos de Witiza. Estos renunciaban al título de rey, de manera que toda la península estaba bajo el poder del califa. También renunciaban a cargo y rango alguno independiente o al margen del dominio musulmán. A cambio de ello, el califa les reconocía la propiedad de tres mil fundos, que eran los bienes patrimoniales de la corona visigótica. Sin embargo, la nobleza de Cataluña y Septimania no aceptó la renuncia de Akhila, hijo de Witiza, y nombró como rey a Ardón, que fue el último monarca godo. Este rey estableció su capital en Narbona, hasta que el emir al-Samh conquiste esta ciudad (720). Hemos dicho que en Hispania aún quedaba al Islam mucho territorio y población por dominar, a lo que añadía el hecho que los musulmanes preferían la conquista de otras tierras para tomar botín, al esfuerzo de asentarse, trabajar y consolidarse en la península. El Islam penetró en las Galias, por Aquitania en el año 721, Provenza, Borgoña (725) y Gascuña (Poitiers, 732), pero fracasó. Súmese a esto las guerras civiles entre los árabes, sirios y beréberes en la Hispania dominada.

Más adelante, el dominio islamita de la península oscurecerá la presencia de los cristianos en ella, a pesar de la resistencia de san Eulogio y otros muchos en Córdoba y otros lugares. Los hebreos no seguirán mejor suerte, a pesar del apoyo prestado a los islamitas durante la invasión. 

Resistencia y triunfo de Covadonga de los cristianos. El Islam fracasó en Poitiers (732) y en Covadonga (722). Pelayo no fue un invento posterior, sino que existió. Hay que decir esto ante algunos intencionados escritores amigos de la negación. Al parecer, fue hijo del tal Fafila ya mencionado, gobernador de Tuy, muerto por Witiza por una conspiración. De ahí que Pelayo pudiera ser partidario del rey Rodrigo. También pudo ser un “espatiario” o miembro de la guardia real de Toledo. Eso sí, era noble de origen, pues de otra manera no hubiera tenido poder de convocatoria entre los refugiados godos, ni hubiera sido un jefe indiscutido. Al parecer, inicialmente colaboró con Munuza, gobernador islamita de Gijón, y luego fue a Córdoba de donde se escapó. Su oposición a los musulmanes no fue casual, sino intencionada. Las circunstancias la hicieron posible, y hasta le pudo mover el hecho de que el gobernador de Gijón había incluido a su hermana en su harén. Perseguido por Munuza, Pelayo se propuso levantarse contra la dominación musulmana. Muchos cristianos habían huido a Asturias, lo que explica que al llegar los islamitas a varias ciudades estas estuviesen desiertas. 

En 718 había un foco de inquietud en Asturias, mientras los islamitas estaban en Cataluña y la Septimania. Covadonga no fue un invento posterior, sino que también existió. Hubo combate. En 722 los islamitas hicieron retroceder a Pelayo, para luego enviar un destacamento que, como ha demostrado Sánchez-Albornoz, fue derrotado en Covadonga -“Cova Dominica”- el 28-V-722. (Hace 1.289 años… y ¡todavía seguimos hablando de este magno hecho!). El metropolitano de Toledo, esto es, el witizano don Oppas que de nuevo aparece en escena, iba en la expedición del Islam “con la intención de convencer a los insurrectos de lo insensato de su tentativa, (y) es hecho prisionero” (Díaz Martín). Aunque en la escaramuza de Covadonga sólo fue vencida la vanguardia o un destacamento de las tropas de Munuza, esta victoria se convirtió en un símbolo y en una gran gesta. Las cifras de mil cristianos contra veinte mil musulmanes son fantásticas. La proyección moral del hecho fue incalculable. Según Díaz Martín:

 

“los restos de la vanguardia que, después del choque, huían, se despeñaron o se ahogaron en las agrestes tierras de los Picos de Europa; el resto del ejército, con el que Munuza, temeroso, abandonaba la región, fue sorprendido por los astures en Olalies”.

 

Años después, es probable que Pelayo tuviese una “decidida voluntad de mantener una postura hostil frente a los invasores”, lo que se consolidará más adelante. Cuando Pelayo muera en 737, le sucederá su hijo Favila o Fafila “como si de un rey godo se tratara”. Según varios historiadores, sería alzado al estilo godo, por el pequeño ejército que era el pueblo armado. Diez años después de la victoria de Covadonga, el ejército franco derrotó a los musulmanes en Poitiers (732). Dos batallas decisivas: Covadonga fue una brillante escaramuza con una proyección de 800 años… hasta hoy, y Poitiers fue una gran batalla que dejó en manos de los hispanos la expulsión de los islamitas del resto de la Cristiandad. Y lo hicieron en la forja del espíritu. En las Navas de Tolosa de 1212 la Cruzada en Hispania se convertirá en Cruzada de toda la Cristiandad. El peligro almohade era muy grave, límite. Y los cristianos cumplieron con creces. Para la toma de Granada en 1492, España ya estaba formada, a la espera del ingreso de Navarra como Reino “por si” en 1513 y 1515, la que ya estaba en alma como lo demostró Sancho VII el Fuerte en las Navas de Tolosa trescientos años antes.
Al terminar el siglo XV: “Pronto iba a resucitar el clima bélico y religioso tradicional de nuestra Edad Media y, por él dominados, íbamos a enfrentar las tormentas de la Modernidad” (Sánchez Albornoz). De nuevo para el homo hispanicus, “Donde una puerta se cierra otra se abre”: mantener y recobrar la Cristiandad, vencer al Turco en Lepanto, conquistar Túnez, y descubrir y civilizar América dando todo un continente, la inmensidad de América y Filipinas, a la Iglesia y la civilización cristiana.

 


Fuentes:

  1. Cristianas: Chronicon Moissiacense (s. IX), Chronicón de Isidoro Pacense, Crónica de Alfonso III, De Rebus Hispaniae del arzobispo Rodericus Toletanus (Rodrigo de Toledo) (s. XIII), Chronicon del obispo Lucas Tudensis (Lucas de Tuy) (Era 733), Cristiano anónimo mozárabe (754), Ximénez de Rada; Chronicon Sebastián de Salamanca,

  2. Musulmanas: Ibn al-Athir, Crónica El Kamel; Al – Himiyari; Al-Nuwayri, Historia de los musulmanes de España y África, escrita hacia 1320; Al-Makkari; Abjar Machmua, Crónica anónima del s. XI; Crónica anónima de Abderramán III, escrita hacia 1010; Fath Al-Andalus; Ibn – Khaldoun (s. XIV), Historia de los berberes ; Ibn abd-Hakam, Historia de la conquista del al-Andalus; Abdalá, las “Memorias del último rey zirí de Granada, escritas hacia 1095, editadas por Lévi-Provençal y E. García Gómez en 1980; Isa Ben Ahamad al Razí, Anales palatinos del califa Alhakam II, escritos hacia 990; Sa’id al-Andalusí, Libro de las categorías de las naciones, escrito hacia 1070.

 

Bibliografía:

Además de autores como A. Ballesteros Beretta, Lacarra, J. Mª. Font-Ruis, Emilio García Gómez, Z. García Villada, García Tolsá, Ramón Menéndez-Pidal, Sanchis y Guarner, Soldevila, Antonio Ubieto, Luis G. de Valdeavellano, Historia de España, José Vicens Vives, Lévi-Provençal, citemos los siguientes:

  1. ALBANÉS, Ricardo, Los judíos a través de los siglos, México, 1939

  2. AMADOR DE LOS RÍOS, José, Historia de los judíos de España y Portugal, Madrid, 1875.

  3. DÍAZ MARTÍN, Luis Vicente, “Constitución de la Monarquía asturiana (711-822)”, en Historia General de España y América, Madrid, Rialp, tomo III: El fallido intento de un Estado hispánico musulmán (711-1085), 1991, 658 pp., p. 3-38.

  4. DOZY Reinhart, Histoire des musulman d’Espagne, Leiden, 1932.

  5. Enciclopedia judaica castellana, México, 1948, 4 vols.

  6. GARCÍA MORENO, L. A., El fin del Reino visigodo de Toledo, Madrid, 1975

  7. MARIANA, Juan de, Historia General de España, diferentes ediciones.

  8. MARQUÉS DE LOZOYA, Historia de España, Barcelona, Salvat, v. I, 1977, 434 pp., pág. 217-238.

  9. MENÉNDEZ Y PELAYO, Marcelino, Historia de los heterodoxos españoles. Las ediciones son numerosas.

  10. ORLANDIS, José, Historia de España. La España visigótica, Madrid, Gredos, 1977, 331 pp. Las citas recogidas en estas páginas, proceden del anterior libro de síntesis. ÍDEM. El poder real y la sucesión al trono en la monarquía visigoda, El cristianismo en la España visigoda etc.

  11. RIU, Manuel, Lecciones de Historia medieval, Barcelona, Ed. Teide, 4ª ed. actualizada 1975, 686 pp.

  12. SÁNCHEZ-ALBORNOZ, Claudio, Orígenes de la Nación española. Estudios críticos sobre la Historia del reino de Asturias, Oviedo, Tomo I, 1972-1975; España, un enigma histórico, Barcelona, EDHASA, 1977, 2 vols., vid. Tomo I, 720 pp.; El drama de la formación de España y los españoles, Madrid, 2003, 67 pp.; “El Senatus visigodo. Don Rodrigo rey legítimo de España, Rev. “Cuadernos de Historia de España” (CHE), VI (1946), p. 5-99; “Otra vez Guadalete y Covadonga”, CHE, I y II (1944) p. 11-114; “Dónde y cuándo murió don Rodrigo, último Rey de los Godos”, CHE, III (1945), p. 5-105.

  13. También pueden añadirse los historiadores hebreos Graetz, Learssi, Kastein, Pessin, Sachar, Raisin, que explican el apoyo de los judíos a los musulmanes durante la invasión.

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José Fermín Garralda Arizcun

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jeudi, 20 septembre 2012

Marc. EEMANS: La Vision de Tondalus

Marc. EEMANS:

La Vision de Tondalus et la littérature visionnaire au moyen âge

 

simon-marmion-ca-1475-tondalus-ziet-de-gevreesde-koningen-conchober-en-donatus.gifLa vision est un des genres mystico-littéraires des plus goûtés au moyen âge. Innombrables sont, en effet, les textes visionnaires parvenus jusqu'à nous et, sans parler de ces sommets que sont les visions de Sainte Hildegarde et de Hadewych, l'on peut dire que la vision a fleuri dans tous les pays de l'Europe occidentale. La plupart des textes conservés semblent d'abord avoir été écrits en langue latine, pour être traduits par la suite en langue vulgaire et se répandre ainsi dans toutes les couches de la société.

A en juger d'après le grand nombre de visions d'origine irlandaise, l'on peut affirmer que c'est avant tout un genre propre au monde celtique (1) où il se confondrait avec la tradition païenne de l'imram (2) ou voyage maritime à la Terre des Ombres, île lointaine et inaccessible où tout n'est que félicité.

Par la suite, se rencontrant avec d'autres récits de tradition strictement chrétienne, ce voyage se serait confondu avec les « ravissements dans l'esprit », au cours desquels les visionnaires visitent l'au-delà.

L'une des premières visions chrétiennes dont le texte nous soit parvenu est la Vision de Salvius qui nous apporte, d'emblée deux éléments propres au style visionnaire: la mort apparente du visionnaire et l'apparition du guide qui Je conduit sain et sauf à travers les embûches de l'au-delà.

Dans tous les textes visionnaires du quatrième au sixième siècle, le paradis des élus se rapproche encore beaucoup de l’Élisée des Grecs ou du Hel des anciens Germains: c'est une espèce de pays de cocagne ou tout n'est que joie et allégresse, et qui se confond volontiers avec le paradis terrestre dont Adam en Eve furent chassés après la faute.

Dans un des Dialogues du Pape Grégoire le Grand, nous trouvons également la description classique d'une mort apparente accompagnée d'un voyage dans l'autre monde, tandis que des considérations eschatologiques viennent utilement nous renseigner sur notre vie future. Maïs l'originalité de cette vision réside dans le fait que nous y rencontrons pour la première fois le thème du pont étroit qui est une des épreuves les plus redoutables pour les âmes damnées.

Le texte de Grégoire le Grand semble avoir donné un essor définitif au genre et dès le huitième siècle les visions se multiplient, en étant toutes construites sur le même schéma.

L'Historia Ecclesiastica de Beda Venarabilis (3) nous rapporte à elle seule la relation de trois morts apparentes accompagnées de visions à tendances eschatologiques. La plus remarquable d'entre elles est la Vision de Drithelm qui s'apparente de très près à la Vision de Tondalus, aussi la considère ton comme une de ses sources.

Sous le règne de Charles Magne, nombreuses sont les visions qui s 'inspirent des thèmes de Grégoire le Grand, mais sous l'influence de certains facteurs extérieurs, elles perdent petit à petit leur sens religieux pour revêtir un aspect politique. La plus célèbre des visions de ce genre est certainement la Vision d'une Pauvresse. Elle nous conte l'histoire d'une pauvre femme, du district de Laon, tombée en extase en l'année 819, et dont les visions auraient inspiré directement la politique carolovingienne.

Faisant exception dans la série des visions politiques de l'époque, les Visions d'Anscarius (4) sont de la plus pure inspiration eschatologique. Dès sa prime jeunesse, Anscarius connut les visions et les ravissements, aussi vécut-il de la manière la plus sainte, loin des rumeurs du vaste monde. Puis, certain jour, une vision lui ayant montré les beautés de l'apostolat, il alla convertir les hommes du Nord à la foi chrétienne. Les Visions d'Anscarius s'apparentent de fort près à la Vision de Salvius, tout en s'inspirant des principaux thèmes eschatologiques de l'Apocalypse. Jusqu'ici, le style visionnaire était encore tout entaché de matérialité, voire même de vulgarité. Chez Anscarius, au contraire, le récit se spiritualise et l'âme qui s'échappe du corps endormi se pare d'une essence vraiment impondérable, tout comme Je Ciel se colore d'une indicible fluidité. Anscarius reconnaît cependant son incapacité à traduire l'ineffable et il avoue que ses descriptions ne sont que des approximations qui se trouvent bien en-dessous du réel.

Pendant les deux siècles qui suivent, la littérature visionnaire connaît une certaine régression. Hormis la Vision de Vauquelin, qui date de 1091, il n'y a aucun texte marquant à signaler.

Dès le début du 12° siècle, les textes visionnaires se suivent de très près, nous y relèverons surtout des visions d' origine irlandaise dont la Vision d'Adamman semble être la plus ancienne. Tout en relevant d'un certain conventionnel, le genre se traduit en récits d'une très grande beauté de style. Ces visions nous révèlent, en effet, le merveilleux chrétien dans toute sa diversité, depuis la description des plus misérables scènes du monde des damnés, jusqu'à l'épanouissement béatifique des âmes au sein de Dieu. Les thèmes traditionnels se développent et s'amplifient d'un récit à l'autre. Des réminiscences orientales, dues aux Croisades, s'y révèlent, tandis que des rappels des auteurs anciens viennent témoigner des premières influences du monde antique.

Cette littérature visionnaire à tendance eschatologique connaîtra bientôt son apogée dans la Divine Comédie (5) du Dante, tandis que les visions d'inspiration plus mystique aboutiront aux plus sublimes révélations de Sainte Hildegarde et de Hadewych (6). Tant par leur popularité ,que par la beauté de leur style, la Vision de Tondalus et le Purgatoire de St-Patrice occupent une place d'exception dans la littérature eschatologique du moyen âge.

La Vision du Chevalier Ovin relatée dans le Purgatoire de St-Patrice se rattache à l’antique tradition celtique des Imrama, aussi n ' est-ce point en état de léthargie que le Chevalier Ovin s'aventure dans le monde des ténèbres, mais en y pénétrant volontairement par une grotte qui communique avec les entrailles de la terre. Sur le plan chrétien il refera le voyage déjà entrepris avant lui par Orphée, Ulysse et Enée. Tout comme eux il pénètrera de son plein gré dans le monde de l'au-delà, mais son voyage est un véritable pélerinage: c'est, en effet, pour se purifier qu'il veut contempler les peines infligées aux âmes damnées. Il est ainsi porteur de cette foi essentiellement chrétienne et médiévale en la Rédemption de l'homme.

6758028-M.jpgLe Chevalier Ovin n'a point le bonheur d'avoir un guide dans son voyage, mais là ou les dangers seront par trop menaçants, il lui suffira de prononcer le nom de Jésus pour se sentir aussitôt à l'abri. Il ira ainsi de supplice en supplice, en se purifiant chaque fois davantage, pour arriver enfin aux partes du Paradis.

Par les nombreuses recommandations à l'adresse du lecteur qui entrecoupent le récit, cette vision se révèle avant tout comme une œuvre d'édification et une exhortation à la pénitence.

Ce récit, qui se rattache au fameux Pélerinage de St-Patrice, en Irlande, a rencontré un succès sans précédent dans les annales de la littérature médiévale. Ecrit en latin par un moine irlandais du nom d'Henry de Saltrey vers 1189, il fut bientôt traduit dans toutes les langues de l'Europe occidentale. De nombreux auteurs célèbres s'en inspirèrent, notamment Calderon qui en tira son El Purgataria de San Patricio. Jusqu'au milieu du 19° siècle il a servi de trame à un mystère fort populaire dans toute la Bretagne.

Quant à la Vision de Tondalus, due vers le milieu du 12° siècle à la plume du moine Marcus, son succès dura plus de trois siècles. Plus de 60 versions latines, toutes du 12° ou du 13° siècle en ont été conservées jusqu'à nos jours. Sa traduction en langue vulgaire se répandit dans tous les pays de l'Europe occidentale. Vincentius Bellavacensis recopia intégralement cette vision dans son Speculum Ristoriale (vers 1244) , tandis que Denys le Chartreux en donna un résumé fort circonstancié dans deux de ses ouvrages Quatuor Novissima et De Particulari Judicia Dei. C'est grâce à ces deux auteurs, particulièrement populaires à l'époque, que la Vision de Tondalus pénétra dans tous les milieux.

Cette vision nous conte les mésaventures du Chevalier Tondal qui, étant tombé certain jour en état de léthargie, eut le privilège de descendre en Enfer et d'en rapporter le récit que le frère Marcus (7) a trancrit pour l'édification des pécheurs.

Dès le seuil de l'autre monde, Tondal est accueilli par son ange gardien et ensemble ils traverseront l'Enfer pour visiter ensuite le Paradis et y contempler les âmes bienheureuses.

La délimitation de l'au-delà en trois zônes bien définies- Enfer, Purgatoire, Paradis - telle que nous la trouvons dans la Divine Comédie n' est pas encore bien fixée dans le récit du frère Marcus, aussi a-t-on pu soulever une controverse quant à la définition des lieux visités par Tondalus Selon certains, seul le supplice infligé par Lucifer, relèverait des peines de l'Enfer, toutes les autres étant encore celles du Purgatoire.

Quoi qu'il en soit, nous constatons que dans la Vision de Tondalus onze supplices s'étagent jusqu'aux partes du Paradis et que même à l'intérieur de celui-ci, certaines âmes doivent encore souffrir des supplices temporaires, tels les deux rois ennemis Concober et Donacus, qui avaient cependant déjà fait pénitence sur terre, maïs qui ne furent pas « entièrement bons » ... Quant au roi Cornacus, il y doit également expier certains crimes et y subit ainsi chaque jour, durant trois heures, la peine du feu jusqu'au nombril, tandis que la partie supérieure de son corps se recouvre entièrement de poils. Comme on le voit, dans le Paradis de Tondal, la première joie connaît encore ses heures de détresse, mais les cinq joies suivantes, elles, sont toute félicité. Elles sont réservées aux âmes nobles qui vécurent d'une vie exemplaire ici-bas.

Tondal serait volontiers resté en ces lieux, mais son ange gardien lui fait comprendre qu'il n'en est pas encore digne. S'il persévère dans ses bonnes résolutions, il reviendra certainement en ces lieux pour y prendre part aux chœurs des bienheureux. Maïs avant d'en arriver là Tondal devra vivre, pendant le temps qui lui reste à demeurer sur terre, une vie de mortification et de charité. C'est à ce moment que l’âme de Tondal va rejoindre son corps pour s'adonner à l’œuvre de la gräce.

La Vision de Tondalus a laissé des traces profancles dans toute la littérature de moyen âge. Son iconographie est des plus abondantes, car des artistes de la qualité d'un Pol de Limbourg ou d'un Jéröme Bosch y ont trouvé de fécondes sources d'inspiration. Nombreux sont également les incunables qui ont reproduit cette vision. La première édition typographique de ce livre serait celle d'Anvers « gheprent bi mi Mathijs van der goes », portant le millésime 1472.

Les bibliographes sont toutefois unanimes pour affirmer que cette édition a été antidatée par van der goes qui voulait ainsi s'attribuer la gloire d'avoir imprimé le premier livre paru dans les Pays-Bas.

Presque toutes les éditions de la Vision de Tondalus datent du 16° siècle et dès le 17°, cet ouvrage qui avait connu tant de vogue ne reparut plus au catalogue des éditeurs. Au 19° siècle il sortit de l'ombre grâce à la curiosité des philologues romantiques et dès 1837 Octave Delepierre, archiviste de la Flandre Occidentale en présenta une nouvelle version française d'après le texte la tin de Vincentius Bellavacensis, à laquelle nous empruntons les fragments publiés dans le présent cahier.

Dans plusieurs pays d'Europe les philologues se sont depuis lors occupés fort longuement des innombrables manuscrits de l’œuvre. Certains d'entre eux nous ont dotés ainsi de la présentation critique de quelques-uns d’entre-eux, notamment MM. R. Verdeyen et J. Endepols qui publièrent une version moyen-néerlandaise de la Vision de Tondalus et du Purgatoire de St. Patrice. Nous devons la plupart des données historiques réunies dans cette étude aux patientes recherches de ces deux savants.

Une étude détaillée du sujet, que nous venons d'esquisser ici et qui relève autant de l'histoire de la littérature comparée que de l'histoire de la dévotion occidentale au moyen âge, reste encore à écrire.

Marc. EEMANS.

(1) Rappelons cependant que le monde antique tout comme le monde oriental connurent ce genre et bien souvent nos visions médiévales en sont des démarcations plus ou moins conscientes.
(2) Le plus célèbre Imram connu à ce jour est celui du Voyage de Bran ou de Saint Brandan.
(3) Moine et historien anglais, né à Wearmouth (675-735).
(4) Saint Anschaire, évèque de Hambourg (801-865) .
(5) Les constantes allusions du Dante à des personnages politiques contemporains rattachent également la Divine Comédie à la tradition carolovingienne des visions politiques.
(6) Parmi les grandes femmes visionnaires citons également: Elisabeth de Schönau, Marie d'Oignies, Christine de St-Trond, Lutgarde de Tongres, Beatrice de Nazareth, Mechtild de Magdebourg, etc.
(7) L'auteur de la Vision de Tondalus, probablement un moine Irlandais du XIIe siècle, n'est connu que sous ce prénom. C'est ainsi qu'il se présente lui-même au debut de son récit.

Hermès, n° 3, mars 1937.

jeudi, 12 juillet 2012

Chant of the Templars - Salve Regina

Chant of the Templars - Salve Regina

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lundi, 09 juillet 2012

Chant of the Templars - Da Pacem Domine

Chant of the Templars

Da Pacem Domine

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lundi, 30 avril 2012

Giorgio Agamben: Höchste Armut

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Giorgio Agamben: Höchste Armut
     

Geschrieben von: Timo Kölling   

Ex: http://www.blauenarzisse.de/

 

agamben.jpgDas Verdikt über das Unverständliche ist die Rache des Bürgertums an Autoren, von denen, wenn sie einer Erkenntnis folgen, es immer nur jenen Zipfel zu greifen bekommt, der als reine Bedeutung explizit wird. Die fetischisierten Bedeutungen markieren am deutlichsten das bürgerliche Desinteresse an jeder Form von réalisation. Schon dass es Erkenntnisse gibt, ist des Bürgers Sache nicht. Sie stören die Wonne seines Meinens. Die Rache pflegt desto grausamer auszufallen, je bunter der Zipfel war, den der Autor preisgab, je „schillernder“, je mehr zum interessierten Gespräch Anlass gebend, zum Skandal taugend.

Am wenigsten verzeiht der Bürger, dass das, was er liebt und wovon er lebt, das schier Augenscheinliche, sich letztlich doch ihm entzieht. Diese fundamentale Unsicherheit des Bürgers, Grund seiner zahlreichen „Nihilismen“, die in erster Linie nur der Rechtfertigung des Kitschs dienen, ist epochal geworden, keine phänomenologische Konstruktion von „Wesensgründen“ (die ihrerseits schon dem „Nihil“ aufruhen) hat daran etwas ändern können. Am Ende wird stets in Abrede gestellt werden, hinter dem erhaschten Zipfel habe je sich ein Kleid verborgen. Die beliebte Metapher des „Schillerns“ enthält sie bereits, diese Kritik. Alles kann in den Augen des Bürgers von jetzt auf gleich zu „schillern“ beginnen: Titel, Thesen, Begriffe, Charaktere, Gesten, Bedeutungen.

Die Existenz dessen aber, worauf das „Schillern“ verweist: der Autor wird sie sich allemal nur ausgedacht haben. Gewiss, er mag gut schreiben, die Lektüre stets „faszinierend“ sein. Unvorstellbar aber, dass er sich die Mühe gemacht hat, das zum Zipfel gehörige Kleid auch tatsächlich zu nähen. Seine Bücher: bloße Büchergesten, Intentionen ohne Realisierung, zum vielleicht größten Teil weiß er selbst nicht, was er eigentlich sagen, worauf er hinaus will. Der Autor ist und bleibt, was wir alle sind (und weshalb wir alle das Recht haben, kreativ zu sein und uns Gehör zu verschaffen): ein mehr oder weniger begabter Laberer. Agamben zumal, der raunende Philosoph, der italienische Sloterdijk: hangelt seine stilistisch gewiss bewundernswerte philosophische Belletristik sich nicht von bloßem Einfall zu bloßem Einfall, mit jedem weiteren Buch unfreiwillig den Blick des Lesers schärfend für die Maschen einer vergänglichen, da leeren und zwangsläufig sich selbst entzaubernden Verführungskraft?

„Dort, wo Gesten Worte werden, werden Worte Tatsachen.“ Herrschaft und Herrlichkeit (Homo sacer II.2)

Der Zipfel, mit dem der italienische Philosoph die gebildeten unter den deutschen Lesern zu verführen vermochte, ist bekannt: es war die These, das „Lager“ (Arbeits-, Straf-, Schutz-, Gefangenen-, Konzentrations-, Vernichtungslager) sei als biopolitischer Produzent des „bloßen Lebens“ das Paradigma der Moderne, und wir alle seien in einem mehr als nur symbolischen Sinne, nämlich wesenhaft, seine Insassen. Der Name, den Agamben seinem mehrteiligen Buchprojekt gegeben hat, Homo sacer, bezeichnete im römischen Recht ein Leben, das als heiliges zwar tötbar, aber nicht opferbar war. Es ist demzufolge das Heilige selbst, worin das nackte Leben, die tötbare Kreatur gerade als Gestalt der Profanität ihren Entstehungsgrund hat.

So erklärt sich Agambens Vorhaben, die These in einen großen religionsgeschichtlichen Zusammenhang zu stellen. Am Ende soll die Erkenntnis unabweisbar sein, was im Lager und als Lager sich manifestiere, sei kein inhaltlich bestimmter politischer Wille, sondern die Figur des Rechts als solche. Agamben schließt sich Benjamins radikaler Identifikation von Recht und Gewalt an. Hitlers rechtmäßiger Aufstieg zur Macht habe diese Identifikation nachträglich beglaubigt; der Ausnahmezustand, den Hitler ebenso rechtmäßig verkündete, sei als paradigmatische Figur des Rechts, welches den Ausnahmezustand allererst produziert, bis heute nicht beendet.

Das Zeitalter des Rechts aber: nach dem Willen Agambens vergeht es, in paulinischer Vergängnis. Das Recht zerstört sich in eben dem Maße, als es das Leben selbst zu seinem Gegenstand macht, das heißt: auf den Aspekt einer dirigierbaren Körperlichkeit reduziert, welche von ihm vernichtet wird, indem es vorgibt, sie zu erhalten. Was aber kommt, wenn das Zeitalter des Rechts (das in eins fällt mit der abendländischen Geschichte) endgültig vorbei ist? Wie wird sie aussehen, die „kommende Gemeinschaft“ dies-jenseits, jen-diesseits des Rechts und seiner Verpuppungen? Wie ist jene ursprüngliche Gerechtigkeit zu denken, die Agamben — darin freilich nicht originell — gegen die positiven Formen des Rechts ausspielt?

Diese Fragen sind so drängend, und Agamben beantwortet sie bislang so wenig konkret, dass jeder weitere Band des Homo sacer-Projekts von den Rezensenten im wesentlichen nur als „Überbau“ verstanden wird, welcher stets ein und dieselbe These, indem er sie mit historischem Material unterfüttert, zugleich verstellt und der Bewertung entzieht. Das wird sich auch mit dem vorliegenden Band IV,1 nicht ändern. Der Inhalt ist in seinen wesentlichen Zügen schnell zusammengefasst: anhand der Ordensregeln des mittelalterlichen Mönchtums entfaltet Agamben, der ausgiebig aus ihnen zitiert, die These, jenes „bloße Leben“, das in der Moderne in der Tatsache des Lagers seine unhintergehbare Faktizität gewann, habe historisch gesehen seinen Ursprung im „zönobitischen Projekt“ (25) des Mönchtums als dem Versuch, das Leben der Liturgie anzugleichen, die Liturgie im Leben dauerhaft zu machen.

Ergebnis dieses Versuchs sei ein „Leben, das mit seiner Form so innig verbunden ist, dass es von ihr nicht mehr unterschieden werden kann“ (9). „Was wird aus der Regel, wenn sie restlos mit dem Leben zu verschmelzen scheint? Und was aus einem Menschenleben, wenn es nicht mehr von der Regel zu unterscheiden ist?“ (17) Immer wieder wird in vorliegendem Buch diese Frage gestellt — so oft, dass oberflächliche Lektüre den Eindruck gewinnen mag, es komme Agamben im wesentlichen nur darauf an, die Frage zu stellen, nicht aber darauf, sie auch zu beantworten. Etwas „Drittes“ jedenfalls entstehe in der Zone der Verschmelzung, der Ununterscheidbarkeit von Regel (Gesetz) und Leben: etwas, das die untersuchten Texte unter den Syntagmen vita vel regula, regula et vita, forma vivendi, forma vitae „unermüdlich zu benennen suchen“ (123) und doch aufgrund der ungeheuren Neuheit dieser Entdeckung immer nur unzureichend benennen.

Es handelt sich eben um nichts geringeres als um die Entdeckung des „bloßen Lebens“ selbst in seiner nackten irreduziblen Faktizität. Dessen Eintreten ins menschliche Bewusstsein ist, so Agamben, die Folge davon, dass das zönobitische Projekt ein von Anbeginn utopisches gewesen ist. Die Angleichung des Lebens ans Gesetz konnte nicht mit der Unmöglichkeit dieses Unterfangens rechnen — einer Unmöglichkeit, die, als sie sich faktisch bereits erwiesen hatte, zudem nicht sogleich zu Bewusstsein kommen konnte aufgrund der alles bestimmenden Vorherrschaft der Liturgie. „Der Liturgisierung des Lebens entspricht eine integrale Verlebendigung der Liturgie.“ (160) Ergebnis aber sei ein zunächst sich selbst nicht begreifendes, auf nichts als die eigene Autonomie verwiesenes Leben, das sich durch seine „radikale Fremdheit“ (164) nicht nur gegenüber der Liturgie, sondern gegenüber schlechthin allen Formen des Rechts auszeichne.

Die Jahrhunderte sind der Prozess dieses Sich-selbst-begreifens. Es handelt sich für Agamben um eine „neue Konsistenzebene menschlicher Erfahrung“, die gegenüber der Liturgie, als die sie zunächst fälschlich sich begreift, „eine andere, noch unbestimmte Dimension des Seins und des Handelns erahnen lässt“ (122f.). Indes habe es einen in seiner Radikalität noch uneingeholten Vorstoß gegeben, an den gerade heute, im Zeitalter des Verendens des Rechts zu erinnern sei: den franziskanischen. In der franziskanischen Novitas erweist sich die fundamentale „Nichtanwendbarkeit des Rechts auf das mönchische Leben“ (48), das von Agamben geradezu definiert wird als Ideal einer „totalen Mobilmachung des Daseins durch die Zeit“ (41). Das „Leben“, an sich Gegenstand einer unbewussten Freisetzung, die erst nachträglich sich konstruieren lässt — die „alles entscheidende Frage“ (133) nach seiner Möglichkeit und Wirklichkeit ist bereits im Mittelalter von den Franziskanern gestellt worden. Für sie ging es nicht länger darum, „auf das Leben eine Form — oder eine Norm — anzuwenden, sondern darum, gemäß jener Form zu leben, d. h. um ein Leben, das sich in der Nachfolge selbst Form gibt, mit ihr zusammenfällt“ (137f.).

Es kann keine Rede davon sein, dass Agamben seine Thesen in Auseinandersetzung mit den historischen Quellen gewonnen hat. Die Quellen sind herbeigesucht, um die vorgängige Konstruktion der Thesen zu stützen. Für illegitim kann dies nur halten, wer nicht begreift, worum es Agamben in jedem seiner Bücher geht. Der Sinn seiner Konstruktionen ist die eschatologische Unwirksammachung der Tradition am Ende ihres Laufs, am Ende der Geschichte, am Ende aller Zeitalter. Das „Kommende“, der Zustand dies-jenseits, jen-diesseits des Rechts — das unterscheidet Agambens Vision allemal von der kommunistischen Utopie — wird kein aktiv zu ergreifendes, planhaft anthropotechnisch zu realisierendes historisch-epochales Geschick mehr sein, sondern das Ausmünden der Geschichte selbst in den Stand der eschatologischen Indifferenz.

Einzig so erklärt sich die Identifikation mit dem franziskanischen Spiritualismus und der ihm wesentlichen Unterscheidung von Eigentum und Gebrauch. Die naturrechtliche Lehre von der ursprünglichen Gütergemeinschaft ist der rechtsgeschichtliche Hintergrund, nicht aber ein zu reaktivierender Sinn der Unterscheidung. Denn Agamben zufolge geht es einzig „um die Möglichkeit, als Mensch außerhalb des Rechts zu existieren“ (151). Die franziskanische Novitas besteht in dem „Versuch, ein den Bestimmungen des Rechts völlig entzogenes menschliches Leben und Handeln zu verwirklichen“ (152).

Wenn Agamben diesen Versuch eine „noch immer ungedachte und im gegenwärtigen Zustand der Gesellschaft völlig undenkbare Neuheit“ nennt (152), so sind wir im Zentrum seiner geschichtsphilosophischen „Konstruktion der Gegenwart“ angelangt. Die Beschäftigung mit den Ordensregeln und der Lebensform des christlichen Mönchtums erweist sich als die Nahtstelle, wo am historischen Ursprung der Kategorie des „bloßen Lebens“ zugleich dessen erkenntnistheoretische Konfiguration kenntlich werden muss. Wird sie es? Die diesbezüglich zentrale Feststellung lautet: „Der Konflikt mit dem Recht — oder besser der Versuch, es durch den Gebrauch außer Kraft zu setzen und unwirksam zu machen — ist auf derselben existentiellen Ebene angesiedelt, auf der sich auch die Operativität des Rechts und der Liturgie entfaltet. Die Lebensform ist jenes reine Existenzial, das es von den Signaturen des Rechts und des Offiziums zu befreien gilt.“ (185)

Der Anspruch der Spiritualen habe zwar darin bestanden, „dass der Gebrauch nicht nur negativ im Verhältnis zum Recht definiert wird [...], sondern einen eigenen formalen Grund hat und in einer objektiv bestimmten Operation endet.“ (173) Faktisch aber habe die „Hartnäckigkeit, mit der die franziskanischen Theoretiker den Verzicht auf das Recht mit rechtlichen Begriffen zu formulieren versuchten“ (155), die Einlösung dieses Anspruchs verhindert. Für Agamben hängt also, wie mit diesem letzten Argument deutlich wird, die Herrschaft des Rechts an einer vorgängigen und auszuschaltenden Herrschaft der Sprache des Rechts, so wie für Heidegger die Herrschaft der Metaphysik an einer vorgängigen und auszuschaltenden Herrschaft der Sprache der Metaphysik hing. Das ist mehr als eine Analogie. Agamben und Heidegger operieren, wie in der Rede vom „reinen Existenzial“ deutlich wird, auf dem Boden ein und derselben erkenntnistheoretischen Konfiguration. Dieses Fundament ist schwach, ja hinfällig. Gegen es aufzubieten ist mit Scholem die Einsicht, dass „das absolut Konkrete [...] das Unvollziehbare schlechthin“ ist, und dass es sich bei der messianischen Idee, die Agambens Vision im verborgenen leitet, um „die eigentlich anti-existentialistische Idee“ handelt.

Damit ist die Tiefenschicht bezeichnet, in der Agambens Homo sacer-Projekt und Esoterik der Schrift konvergieren. In Tradition und Transzendenz ist dargestellt, dass die Heideggers Spätwerk bestimmende Kategorie einer „Überwindung“ der abendländischen Metaphysik einen Rückfall in die existenzphilosophischen Bestimmungen des Frühwerks darstellt, der seinen Grund im vorzeitigen Abbruch des Denkwegs der „Kehre“ hat. Denn gerade sie hätte Heidegger das Instrument an die Hand gegeben, die Begriffe der Metaphysik als Figuren dessen zu gewahren, was an ihnen —chôra der platonischen Idee — nicht metaphysisch ist. Analog wäre auch die Rede von einem „Gebrauch des Rechts“ auf den Ort der von Agamben selbst proklamierten eschatologischen Indifferenz hin zu modifizieren.

Die Logik der „Überwindung“ unterbietet ihn. Es gibt keine Sprache jenseits des Rechts, sondern der Grad ist zu bestimmen, in dem das Recht der Sprache immanent ist, um das Recht als sprachloses sich in der Stummheit seiner Gewalt verschließen zu lassen. Das wäre das Wahrheitsmoment der spiritualistischen Revolte, an die keine bürgerliche Kritik von Agambens Werk hinanreicht. Für Scholem und Benjamin konzentrierte es sich im Begriff der Schrift, den sie anlässlich von Kafkas Parabel Vor dem Gesetz diskutierten. Giorgio Agambens Interpretation dieser Diskussion (Homo sacer I, 60ff.) enthält alle Elemente seiner Verfehlung dieses Begriffs. Gerade in dieser Verfehlung aber ist Agamben ernst zu nehmen. Sie konstituiert die Intensität seiner Geste, den Keil des bloßen Lebens in das Herz der Tradition zu schleudern. Sie ist nahe daran, Wort zu werden.

Giorgio Agamben: Höchste Armut. Ordensregeln und Lebensform (Homo sacer IV,1). Aus dem Italienischen von Andreas Hiepko. S. Fischer (Frankfurt am Main) 2012. 208 Seiten. ISBN 978-3-10-000533-5.

Zuerst erschienen auf: http://timokoelling.wordpress.com/rezensionen/giorgio-agamben-hochste-armut/

Die Redaktion bedankt sich bei Timo Kölling für die Erlaubnis zur Übernahme dieses Beitrags.

Le Livre de Kells Musique: Hildegarde von Bingen

Le Livre de Kells

Musique: Hildegarde von Bingen

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mercredi, 30 novembre 2011

Hermann von Salza, Hochmeister des Deutschen Ordens

Hermann von Salza, Hochmeister des Deutschen Ordens

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mardi, 29 novembre 2011

Leben in der Stauferzeit

Leben in der Stauferzeit

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dimanche, 27 novembre 2011

27 novembre 1431 : LA TOISON D'OR

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27 novembre 1431 : LA TOISON D'OR

Ex: http://anti-mythes.blogspot.com/

La première réunion du chapitre de l'ordre de la Toison d'or, tenue à Lille le 27 novembre 1431, fut un moment fort du '"règne" de Philippe le Bon, ce duc de Bourgogne qui voulut reconstituer la vieille Lotharingie fut surnommé le « Grand duc d'Occident » et aimait dire « Je veux qu'on sache que si je l'eusse voulu, j'eusse été roi. » A vrai dire, sans porter le titre royal, le Bourguignon pouvait se permettre de traiter d'égal à égal avec tous les souverains, tant était grande sa puissance.
Son troisième mariage le démontra puisqu'il obtint sans peine la main de l'infante Isabelle de Portugal, fille du roi Jean 1er d'Avis et de Philippa de Lancastre, princesse de la Maison royale d'Angleterre. Le mariage fut fastueux, dans des décors mis en place pour la circonstance afin d'accueillir les réjouissances où les franches ripailles à la flamande et les joutes entretenaient cette ambiance de « fougueuse kermesse, joyeuse et brutale » que décrit Michelet. Philippe le Bon choisit ce moment, peut-être afin de rehausser les fastes du mariage princier, pour annoncer solennellement la foudation du « Très noble Ordre de la Toison d'Or », destiné à réunir les preux d'entre les preux de tous les Etats bourguignons, sur le modèle évident de cette chevalerie de la Table Ronde qui faisait flamber, à la fin du Moyen Age, l'imaginaire de toute l'aristocratie européenne. Philippe le Bon avait pris soin de faire savoir, par la voix du « roi d'armes de Flandre » (le premier des hérauts flamands du prince), qu'il s'agissait d'exhorter les membres du nouvel ordre à se hisser au niveau de vaillance des anciens preux.
Au début de son principat, Philippe le Bon s'était vu proposer, par le duc de Bedford, Régent d'Angleterre, d'entrer dans l'ordre de la Jarretière. Il avait décliné l'offre. Il ne se voyait qu'en Grand Maître d'un ordre créé par lui. Il ne faisait en cela qu'imiter nombre d'autres princes. Charles VI n'avait-il pas créé en 1410 la « Chevalerie du Roi du Soleil d'Or » ? Et Amédée de Savoie, en 1362, l'« Ordre du Collier », qui devait devenir plus tard l'''Annonciade'' ? Le roi René, mais également les ducs de Bourbon, avaient leur ordre bien à eux.
Le duc de Bourgogne, mécène de sculpteurs et de peintres de génie, était homme de culture mais aussi et surtout grand politique. En un temps où les mythes antiques retrouvaient, par le biais de l'Italie, une place d'honneur dans la culture européenne, la force symbolique de l'histoire de la Toison d'Or lui semblait bien digne d'exalter son pouvoir. Et Jason, parti vivre avec ses Argonautes une aventure surhumaine en Colchide pour en rapporter cette Toison si chargée de sens mythique, n'avait-il pas naturellement, comme héritier spirituel, le « Grand Duc d'Occident », qui avait vocation à réanimer l'idéal de croisade ?
C'est dans les rues de Bruxelles, où se trouvait le duc Philippe à la Toussaint 1431, que fut annoncée par le « roi d'armes » de Brabant et ses hérauts la tenue du premier chapitre de la Toison d'or : « Oyez, princes, seigneurs, chevaliers et écuyers. De par très haut et très excellent, très puissant prince de mon redouté seigneur Philippe, par la grâce de Dieu duc de Bourgogne, de Lothier, de Brabant et de Limbourg, comte de Flandre, d'Artois et de Bourgogne, palatin, est à savoir à tous les nobles seigneurs et compagnons de l'Ordre de la Toison, et à tous les autres princes, seigneurs, chevaliers et écuyers, que vous soyez en la bonne ville de Lille en Flandre, la nuit de Saint-André prochainement, pour accompagner le duc, lequel a intention et volonté de commencer la fête du noble Ordre de la Toison d'Or. Si fera très bonne chère à ceux qui y voudront venir ! »
Les premiers statuts du nouvel Ordre furent transcrits en « langue bourguignonne », non en latin. Au cours d'un office, le chancelier de la Toison d'Or, l'évêque Jean Germain, profita de l'occasion pour dénoncer, au cours de son homélie, le caractère franchement trop païen du héros grec Jason, qui devait donc être remplacé par le juge biblique - Gédéon. Le duc l'écouta bien sûr poliment... et, comme on le voit à Dijon et à Anvers sur son beau portrait réalisé par Van der Weyden, n'en garda pas moins Jason comme référence, en portant autour du cou, comme tous les membres de l'Ordre, le collier d'or marqué de l'emblème bourguignon (les "fusils" ou briquets entrecroisés et la « pierre à feu » lançant des étincelles) auquel était suspendue la toison du bélier divin.
Après la mort du dernier duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, le mariage de sa fille Marie fit passer l'Ordre de la Toison d'or dans la maison de Habsbourg. Mais la Toison fit rêver, jusqu'en plein xxe siècle, ceux qui voulurent faire revivre une Grande Bourgogne.
P. V. Rivarol 2008

Der Ordensstaat - Geheimnisse des Baltischen Meeres

Der Ordensstaat - Geheimnisse des Baltischen Meeres

dimanche, 23 octobre 2011

Les rites d'initiation germaniques

 

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Les rites d'initiation germaniques

L'une des pratiques créatrices de société, les rites d'initiation destinés à faire entrer les jeunes dans la société des adultes, eut une très longue postérité en Europe : la chevalerie.
Le Beowulf donne des exemples de jeunes guerriers, porte-main du héros, de jeunes garçons livrés au seigneur par leurs parents. Les garçons sont nourris au sein jusqu'à l'âge de 3 ans, puis sevrés et laissés aux soins des femmes jusqu'à l'âge de 7 ans. Ils sont alors confiés à un père adoptif (fosterfaeder, “père efforceur”). En général, il est de la parenté de la mère, souvent son frère aîné, donc l'oncle maternel comme nous l'avons dit. Le fosterage consiste à éduquer un jeune de 7 à 14 ans, ce qui ne devait pas aller sans peine ; sinon, pourquoi le père adoptif eût-il été qualifié d'efforceur ? Parfois le jeune part en voyage. Sa formation achevée, a lieu la cérémonie de la taille de la première barbe ou de la chevelure. Pépin le Bref se vit ainsi couper les cheveux par le roi Liutprand vers 730 (Paul Diacre, HL, I, 23-24 et VI, 53). Reste l'affrontement avec le père adoubeur pour être un guerrier parfait. Là aussi, à 14 ans, âge de la majorité chez tous les rois francs et leurs successeurs, le passage vers l'homme accompli, le guerrier, est capital.
 
Le cérémonial existait dès l'époque mérovingienne, mais nous n'en avons de preuve certaine qu'avec Louis le Pieux. En 792, âgé de 14 ans, il est “ceint par l'épée” à Ratisbonne par son père Charlemagne, car il est “devenu adolescent”. En septembre 838, Charles le Chauve, âgé de 15 ans, reçoit arma et corona, c'est-à-dire l'épée avec le ceinturon et le baudrier, insignes de sa fonction (militia). En 841, le samedi Saint, Charles, après avoir pris un bain avec ses compagnons, voit arriver ses émissaires venus d'Aquitaine avec des vêtements neufs, une couronne, etc. C'est le plus ancien exemple d'adoubement chevaleresque que nous connaissions. Il eut lieu symboliquement le jour de pâques. D'ailleurs, à partir de 850, le mot latin caballarius ne signifie pas seulement “homme à cheval”, mais désigne un homme de la suite de tel ou tel grand personnage et prend le sens de “chevalier”.
 
 
Raban Maur précise : “On peut faire un cavalier avec un jeune garçon mais rarement avec un plus âgé.” La cavalerie a pris alors une importance décisive. “Aujourd'hui, les jeunes sont élevés dans les maisons des grands, écrit-il encore. Sauter sur le dos d'un cheval est un exercice qui fleurit spécialement chez les peuples francs.” Cela est vrai aussi dans le Midi romain, puisque Géraud d'Aurillac fait de même dans sa jeunesse. Nithard, fils illégitime d'une fille de Charlemagne, Berthe, historien laïc de grande précision, introduit dans ses écrits des années 841-843 des allusions continuelles aux armes et aux chevaux, aux jeux d'entraînement entre cavaliers expérimentés de haute noblesse saxons, gascons, austrasiens et bretons. Il insiste sur l'enracinement régional de la noblesse et sur ses idéaux : mourir dignement plutôt que trahir, rester solidaires entre frères et fidèle au seigneur jusqu'à la mort. Notker de Saint-Gall raconte, vers 885, l'histoire d'un jeune évêque récemment ordonné qui, au lieu de monter à cheval avec des étriers, un progrès récent qui donnait plus de dignité au cavalier, préféra sauter sur la croupe du destrier… ce dont Charlemagne, heureux d'avoir dans sa suite un homme que n'embarrassait pas son statut clérical, le félicita.
 
 
Initiation laïque et germanique, l'adoubement allait dans la perspective d'une violence guerrière déchaînée. Dubban, en vieil-haut-allemand, qui a donné “adoubement”, signifie “frapper”. En effet, le “vieux”, parrain du pied tendre, le faisait mettre à genoux et lui flanquait un grand coup de poing dans l'épaule pour voir s'il tiendrait le choc. Mais la christianisation du rite était déjà en route. En droit canon, le coupable d'un meurtre est privé de ses armes et ne peut plus monter à cheval. Halitgaire, évêque de Cambrai, introduit une distinction entre tuer à la guerre, ce qui est un péché nécessitant trois semaines de jeûne, et tuer dans une bataille soit pour se défendre, soit pour défendre sa parentèle ; dans ce cas, tuer est un péché sans pénitence. Après la bataille de Fontenay en 841, les évêques se réunirent et proclamèrent un jeûne de trois jours pour expier les morts de ce terrible combat dû à une guerre fratricide. En sens inverse, des chevaliers deviennent des soldats du Christ contre les Sarrasins et les païens (chapitre VIII). L'épopée du Ludwigslied, rédigée à chaud en vieil-haut-allemand le soir de la victoire de Louis III à Saucourt-en-Vimeu, confirme cet idéal et contient une oratio super militantes, prière pour les soldats, qui constitue la première manifestation d'une liturgie chevaleresque. Ainsi, à la fin du IXe siècle, la chevalerie était déjà un statut social. Le guerrier à cheval faisait preuve d'un entraînement professionnel d'adulte confirmé et chrétiennement légitimé.
 
 
Michel ROUCHE

jeudi, 20 octobre 2011

Petites réflexions éparses sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves

 

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Robert STEUCKERS:

Petites réflexions éparses sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves

En me demandant d’écrire un petit article sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves, Bernard Levaux, sans aucune intention maligne, ouvre, une fois de plus, ma secrète boîte de souvenirs d’adolescent. C’est une fois de plus parce que l’article qu’Yves Debay a écrit récemment dans les colonnes de ce bulletin, avait déjà ravivé quelques bons et solides souvenirs car ce sacré Yves Debay était un camarade d’école, forcément inoubliable vu sa personnalité, et un compagnon de voyage en Grèce en 1973. Enfin, parce que le thème que Bernard Levaux me demande d’aborder me ramène en fait à la même année: The Vinland Saga – The Norse Discovery of America est le tout premier livre sérieux, le tout premier classique, que j’ai acheté en anglais, sans vraiment connaître encore tous les secrets de la langue de Shakespeare. Généralement, en anglais, j’achetais en temps-là des livres ou des revues sur les maquettes d’avions ou de chars, comportant profils ou guides de peinture. A cette époque, j’avais la même habitude que le Professeur Piet Tommissen, dont on vient de déplorer la disparition à Bruxelles en août 2011, celle d’inscrire la date d’achat de chaque livre sur un coin de la première page. C’est donc avec émotion que j’ai repris entre mes mains de quinquagénaire ce premier bon livre anglais de ma bibliothèque et que j’ai retrouvé la mention “20 Jan. 1973”.

Ce petit livre de la collection “Penguin Classics”, à dos noir, voulait compléter l’exposé, fait un an auparavant, d’un camarade de classe, Eric Volant, passionné par la saga des Vikings. Si Debay a connu une brillante carrière de soldat puis de journaliste militaire à “Raids” ou à “Assaut”, Eric Volant, lui, a connu un destin tragique et n’a vécu que vingt ans: ce garçon, au sourire toujours doux et franc, les joues constellées de taches de rousseur, désirait ardemment devenir historien. Et se préparait à un tel avenir. Mais rapidement, le couperet est tombé: son paternel refusait de lui financer des études. A 18 ans, au boulot! Et hors de la maison! Eric est devenu sombre: son éternel sourire s’est effacé. Son ressort intérieur était brisé. Du jour au lendemain, il est devenu communiste! Nous ne pensions pas que le père allait mettre son projet à exécution et flanquer son aîné à la porte du foyer parental au lendemain même de la proclamation de fin de secondaires. Mais, hélas, il l’a bel et bien fait et Eric est venu sonner chez moi début juillet: il avait trouvé un cagibi absolument sordide, au fond d’une cours, où habiter. Il n’avait pas de meubles, juste un sac avec ses hardes et quelques livres: mon père, bouleversé, lui a aussitôt donné une table, une bibliothèque, deux chaises et quelques autres babioles, que nous avons amenées aussitôt dans la triste annexe qui devait lui servir de logis. On l’a ensuite vu errer dans les rues, de plus en plus sombre et rancuneux. Et, deux ou trois ans plus tard, nous avons appris sa mort tragique: il s’était porté volontaire pour servir de passeur à l’ETA basque, que les Républicains espagnols, fort nombreux dans son quartier et quasi les seuls militants communistes dans le Bruxelles du début des années 70, estimaient être la seule force politique capable de ramener une mouture modernisée du “Frente Popular” au pouvoir dans les premières années du post-franquisme. Eric a été descendu par des tireurs embusqués, au moment où il franchissait un ruisseau dans les Pyrénées. On a retrouvé son corps quelques jours plus tard. Il a été enterré à la sauvette, paraît-il, dans un petit village basque. Personne n’a voulu rapatrier le corps. Nous avions perdu un garçon qui avait été un très bon camarade. Il avait marché jusqu’au bout de la passion qu’avait généré son immense déception.

Voilà, je viens de payer mes dettes à mon passé, à ceux qui ont disparu.

Revenons au thème du modeste exposé scolaire d’Eric Volant, c’est-à-dire à la conquête de l’Atlantique Nord par les Scandinaves. Aujourd’hui, on devine qu’ils ne furent pas les premiers Européens à avoir abordé le continent de l’hémisphère occidentale. Déjà Louis Kervran, dans son “Brandan, le grand navigateur celte du VI° siècle” (Laffont, 1977), posait la thèse que les Scandinaves, lancés à l’aventure sur les flots glacés de l’Atlantique Nord et tous probablement proscrits ou en fuite, ont suivi des routes maritimes découvertes antérieurement par des ermites irlandais ou bretons, qui s’en allaient méditer aux Orcades, aux Féroé, en Islande et, pourquoi pas, plus loin, au Labrador, ou sur les terres que les Vikings nommeront “Helluland”, “Markland” ou “Vinland”. On retrouve leur nom sur une carte des “terres hyperboréennes”, dressée vers 1590 par un géographe, Sigurdur Stefansson. Louis Kervran rappelait fort opportunément que les peuples de la façade atlantique des Gaules et de la “Britannia” romaine possédaient une solide tradition maritime et que les multiples récits des voyages de Saint Brandan ont constitué une thématique littéraire très répandue et très appréciée tout au long du moyen âge européen. Kervran conclut que Brandan a très problablement suivi un itinéraire de Saint Malo ou de l’Irlande vers les Orcades et les Féroé, l’Islande, les côtes canadiennes pour aboutir probablement aux Antilles: certains textes de la matière “Brandan” décrivent des îles luxuriantes et des animaux exotiques. La légende rappelle, très précisément, que Brandan est parti avec douze compagnons pour entreprendre un voyage de neuf ans sur l’Atlantique. Par ailleurs les pêcheurs de morue poussaient très vraisemblablement jusqu’au large du Labrador, qu’ils aient été scandinaves, flamands, bretons, galiciens ou portugais. Colomb connaissait-il les secrets de ces pêcheurs ou de ces itinéraires scandinaves? La question demeure ouverte.

Pour les deux spécialistes allemands de l’ère mégalithique, Gert Meier et Hermann Zschweigert, Ulysse, dont la légende remonterait à la proto-histoire mégalithique de la vieille Europe, aurait déjà testé les flots atlantiques: en cinglant de Gibraltar vers les Açores (l’île Ogygie) et, poussé par le Gulf Stream de celles-ci vers Heligoland, il aurait abouti en face des côtes aujourd’hui danoises qui recelaient l’ambre, matière très prisée par les peuples méditerranéens. L’histoire marine de l’Europe, pour nos deux savants allemands, est bien plus ancienne qu’on ne l’a cru jusqu’ici. Les embarcations faites de peaux pourraient bien remonter à 10.000 ans. En 1976, l’historien anglais Tim Severin traverse l’Atlantique sur une copie du bateau attribué à Brandan, démontrant que de telles embarcations étaient parfaitement capables de tenir l’océan, exactement comme le Norvégien Thor Heyerdahl avait traversé le Pacifique sur le Kon-Tiki en 1947, pour démontrer la véracité des récits traditionnels polynésiens et prouver que des peuples marins de l’aire pacifique avaient été capables de cingler jusqu’à l’île de Pâques. Les Maoris néo-zélandais construisaient des embarcations capables de transporter de 60 à 100 guerriers, couvrant parfois des distances de 4000 km en l’espace de plusieurs semaines. Ces embarcations étaient mues par rames et/ou par voiles. L’aventurier allemand Hannes Lindemann a réussi à traverser l’Atlantique au départ des Canaries en 65 puis en 72 jours, sur un petit bateau africain, en se guidant par les étoiles: la navigation en haute mer étant plus aisée de nuit que de jour, du moins à hauteur des tropiques et de l’Equateur (au nord, vu la nébulosité permanente, elle est plus “empirique” donc plus hasardeuse et plus aventureuse, plus risquée). Nos ancêtres avaient un atout complémentaire par rapport à nous, dégénérés par la civilisation et par ce que le sociologue Arnold Gehlen nommait les “expériences de seconde main”: celui de pouvoir correctement s’orienter en connaissant à fond la carte du ciel. Le lien de l’homme à la mer n’est pas récent mais quasi consubstantiel à toute forme de culture depuis la préhistoire. Mais ce lien à la mer n’est pas pensable sans connaissances astronomiques précises, fruit d’une observation minutieuse du ciel.

Meier et Zschweigert évoquent aussi la voie “terrestre” vers l’Amérique, qu’il était possible d’emprunter, il y a environ 16.000 ans. La calotte glaciaire pesait à l’époque sur l’ensemble de la Scandinavie, sur une bonne partie des Iles Britanniques et sur tout le pourtour de la Baltique et sur l’Allemagne du Nord. L’actuel Canada et une bonne frange du territoire des Etats-Unis se trouvaient aussi sous une épaisse calotte. Mais la côte orientale de la Mer Blanche et l’Alaska étaient dégagés de l’emprise des glaces. Il y avait possibilité, en longeant la banquise arctique et en passant de la Sibérie occidentale à la péninsule de Kola, d’aller vers les Spitzbergen et, de là, au Groenland. Au nord de cette grande île atlanto-arctique se trouvait le “Pont Blanc” qui menait au Canada puis à la terre ferme et dégagée des glaces que constituait alors l’Alaska. On pouvait suivre ensuite la côte pacifique jusqu’en Californie et au Mexique actuels. De la Mer Blanche à l’Alaska, la distance est de 2500 km. Elle devait s’effectuer en 60 jours environ. Selon cette hypothèse, désormais dûment étayée, l’Amérique n’a pas seulement été peuplée par des ethnies sibériennes venues du nord de l’Asie par le Détroit de Bering mais aussi par des éléments venus d’Europe, encore difficilement identifiables au regard des critères de l’archéologie scientifique. Comment cette migration par le “Pont Blanc” s’est-elle opérée avant les nombreuses submersions qui eurent lieu vers 8500 avant notre ère et qui détruisirent notamment la barrière Tanger/Trafalgar et la bande territoriale qui liait l’Italie et la Sicile au continent africain, faisant du lac méditerranéen initial une mer salée? Ces voyages s’effectuaient par traineaux à traction canine, à la mode lapone, le chien étant l’animal domestique par excellence, la première conquête de l’homme; ou ne devrait-on pas plutôt parler d’une fusion “amicale” entre deux espèces morphologiquement très différentes pour que toutes deux puissent survivre en harmonie? Le chien est effectivement un allié dans la chasse, un chauffage central qui chauffe en hiver (les Aborigènes australiens parlent de “five-dogs-nights”, de nuits où il faut cinq chiens pour chauffer un homme; l’expression est passée dans l’anglais moderne), un pharmacien qui lèche les plaies et les guérit vu l’acidité de sa salive, un gardien et un compagnon, qui, en guise de récompense, reçoit les reliefs des repas.

Magnus Magnusson et Hermann Pàlsson ont rédigé une brillante introduction pour mon petit livre de 1973, qui n’est autre que le texte même de la “Vinland Saga”, de la saga du voyage vers le Vinland américain. Cette introduction relate l’histoire de la colonisation scandinave de l’Islande et du Groenland et retrace l’épopée nord-atlantique des marins norvégiens et islandais. La colonisation de l’Islande s’est déroulée à la suite de l’émigration de proscrits norvégiens, chassés pour “avoir provoqué mort d’homme”, à la suite de méchantes manigances ou pour raisons d’honneur voire pour refus d’être christianisés. Celle du Groenland procède de la même logique: Eirik le Rouge est banni d’Islande au 10ème siècle. Il fonde les premières colonies scandinaves du Groenland. Un marin prudent, Bjarni Herjolfsson, dévié par les vents et les éléments déchaînés de sa route entre l’Islande et le Groenland, aperçoit les côtes de terres inconnues vers 985 ou 986. Leif Eirikson, dit Leif l’Heureux, achète le dernier bateau survivant de l’expédition incomplète et chamboulée de Bjarni et décide de partir à la découverte des terres aperçues au loin par son prédécesseur. C’est ainsi que fut découvert le “Vinland”, terre sur la rive méridionale du Saint-Laurent, où les explorateurs nordiques ne découvrent pas seulement une baie qui ressemble au raisin mais surtout la principale matière première dont ils ont besoin, le bois, ainsi que du gibier en abondance, du saumon à profusion et du blé sauvage prêt à être récolté. Leif ne restera pas en Amérique: c’est son beau-frère Thorfinn Karlsefni qui tentera d’installer une première colonie permanente sur le sol américain. Thorfinn fait le voyage accompagné de sa femme. Elle met un bébé au monde sur la terre américaine. Mais elle meurt peu après l’accouchement. Thorfinn passe l’hiver avec l’enfant qu’il parvient à sauver de la mort. Ce petit Snorri Thorfinnson a probablement été le premier Européen attesté et non mêlé d’Amérindien ou d’Esquimau à avoir vu le jour dans l’hémisphère occidental. Quant à Thorvald, fils d’Eirik, il est un des premiers Européens tombés au combat face aux natifs du continent américain: il a été frappé d’une flèche en défendant une implantation dans l’actuel Labrador canadien.

L’âge viking, l’ère en laquelle les Normands se répandirent en Europe, en Russie jusqu’au comptoir de Bolgar sur la Volga et dans l’espace nord-atlantique, est une époque où l’Europe ne connaît plus la gloire de l’Empire romain: en ce temps-là, nous explique le Prof. Roger Grand, le trop-plein démographique scandinave descendait calmement la Weser germanique, jusqu’à hauteur du premier grand affluent du Rhin, la Lippe, pour aller se présenter dans les castra des légions de l’Urbs et trouver une affectation militaire ou civile dans l’Empire. La chute de l’Empire romain interdit cette transhumance: la masse démographique germanique-continentale s’est déplacée à l’intérieur de l’Empire, dans les provinciae de Germania Inferior et Germania Superior et dans le nord de la Gallia Belgica, voire dans la vallée du Rhône pour les Burgondes, installés principalement dans la “Sapaudia” (la terre des sapins) jurassienne, entre Besançon et le lac de Neuchâtel selon l’axe Ouest-Est, et entre Belfort et Grenoble, selon l’axe nord-est/sud-ouest. L’Europe est trop pleine et, en plus, elle est désorganisée. Les Germains continentaux n’ont plus d’affectations à offrir à leurs cousins du Nord. L’Europe est dangereusement ouverte sur la steppe qui s’étend de la Puszta hongroise jusqu’à la Mandchourie. Entre le Danube à hauteur de Vienne et l’Atlantique, les populations romanisées et germanisées sont acculées, dos à l’Océan, d’où les Nordiques viennent pour remonter leur fleuves et piller leurs villes et abbayes. En Méditerranée, elles sont harcelées par le débordement démographique sarrazin, c’est-à-dire hamito-sémitique.

La recherche d’échappatoires est donc une nécessité vitale: la Russie offre un tremplin vers la Mer Noire et l’espace byzantin et, via la Volga, vers la Caspienne et l’Empire perse. Mais, là aussi, l’élément scandinave, finalement trop ténu, ne pourra pas, comme avaient partiellement pu le faire avant eux les tribus gothiques, maîtriser le cours des grands fleuves russes et ukrainiens pour avancer les pions des populations européennes vers l’espace persan. La seule route pour trouver terres, matières premières et espaces apaisés est celle de l’Atlantique septentrional. Cette donnée stratégique est une constante de l’histoire européenne: elle sera reprise par Henri le Navigateur, roi du Portugal, désireux de contourner la masse continentale africaine pour éviter la Méditerranée contrôlée par les puissances musulmanes et atteindre l’Inde par voie maritime et non plus terrestre. Elle sera reprise par Ivan le Terrible quand il descendera la Volga pour l’arracher au joug tatar, sous les conseils d’un marchand anglais, qui n’avait pas oublié la route varègue (suédoise) vers le comptoir de Bolgar, vers la Caspienne et l’espace persan. Les recettes norroises et varègues ont donc servi de source d’inspiration aux tentatives européennes, en l’occurence portugaises et russes, de désenclaver l’Europe.

La première tentative de désenclavement par l’Ouest atlantique a donc été celui du quatuor Bjarni, Eirik, Leif et Thorsinn. Elle est importante dans la mesure où les marins scandinaves, paysans sans terre à la recherche d’un patrimoine, cherchent non plus à fusionner avec d’autres sur une terre étrangère, comme le fut peut-être la Normandie, mais à créer des communautés scandinaves homogènes sur des sols nouveaux. Ce sera le cas en Islande, où les colonies se sont maintenues. Ce sera le cas au Groenland, du moins tant que durera l’optimum climatique médiéval. L’installation en Amérique, dans “l’Anse aux Meadows” sera, elle, éphémère: elle se heurtera à la résistance des indigènes d’Amérique du Nord, les “Skraelinger” des sagas, que les Scandinaves ne pourront vaincre, en dépit de la supériorité de leurs armes en fer. Les “Skraelinger” disposaient d’armes de jet, des arcs mais aussi une sorte de catapulte ou de balliste, qui leur permettaient de tenir tête à des guerriers dotés d’armes de fer mais qui ne disposaient plus, au Groenland, de forges et de mines capables d’en produire à bonne cadence. Tout devait être importé d’Europe. La logistique scandinave en Atlantique nord était trop rudimentaire pour permettre de se tailler une tête de pont, comme le firent plus tard les Espagnols ou les Anglais, pourvus d’armes à feu.

Le trop-plein démographique scandinave, à la suite de mauvaises récoltes, ne s’est plus déversé en Europe, à partir d’un certain moment quand l’espace impérial carolingien s’organise et s’hermétise, mais dans les îles de l’Atlantique (Shetlands, Féroé, Orcades, Hébrides) et en Islande. Cet exode d’audacieux répond aussi à une nouvelle donne politique: le pouvoir royal, imité du pouvoir impérial carolingien et armé de la nouvelle idéologie chrétienne, marque des points dans les vieilles terres scandinaves et déplait car jugé trop autoritaire et irrespecteux tant de la liberté personnelle que de la liberté des communautés d’hommes libres. L’Islande sera ainsi le laboratoire d’une démocratie populaire et originale: le pouvoir sera d’emblée limité par des lois; le chef, élu temporairement, devra respecter un contrat avec les représentants du peuple siégeant au “Thing” (= Assemblée, parlement); le médiateur au sein de ces assemblées de paysans libres, les “bondi” ou les “godhar” (“les chefs”, désignés par leurs propres communautés) joue un rôle capital. L’île de Thulé, que mentionnent les sources de l’antiquité et du haut moyen âge telles celles d’Orose, de Boèce (“à six jours de navigation” du continent) et de Bède le Vénérable, est indubitablement l’Islande.

En 825, le moine irlandais Dicuil, actif à la Cour de Charlemagne, écrit un traité de géographie (“Liber de mensura orbis terrae”), où, pour la première fois, on peut lire une description détaillée de cette “Thulé” de l’Atlantique nord, grâce à des renseignements transmis par trois ermites irlandais qui l’avaient abordée en 795, au moment où les Vikings lançaient leurs premiers assauts contre l’Irlande et ses monastères. Quand les premiers colons norrois abordent l’Islande vers 860, l’île est déjà occupée par quelques moines irlandais, comme le mentionnent d’ailleurs les sources scandinaves et l’attestent des noms de lieux comme “Papey” (“L’île aux moines”) et “Papyli” (“Aux moines”). En 870, Ingolf Arnarson doit quitter la Norvège, car “il y a commis mort d’homme”, et fonde la première colonie permanente et non monacale en Islande, sur le site même de l’actuelle capitale Reykjavik. C’est au départ de l’installation d’Ingolf et des siens qu’un système politique démocratique original, alliant pouvoir temporel et religieux, s’implante dans le pays et que celui-ci devient la base de départ de nouvelles découvertes: non seulement le Groenland et le Vinland, mais des îles stratégiques à la jonction des eaux de l’Atlantique et de l’Arctique, telles les Spitzbergen (vers 1170) et l’île Jan Mayen en 1194.

L’Islande médiévale fut donc à coup sûr la société la plus originale d’Europe, en marge du continent soumis aux assauts sarrazins et mongols ou disloqués par les querelles intestines. Elle développe un commerce intense, surtout avec la Norvège et l’Angleterre; elle exporte de la laine, du tweed, des peaux de mouton ou de phoque, du fromage, du suif (pour les chandelles), des faucons et du soufre en échange de bois (rare sous ces latitudes boréales), de goudron, de métaux, de farine, de malt, de miel, de vin, de bière et de lin. Mais, rappellent Magnusson et Pàlsson, l’exportation majeure, la plus étonnante et forcément la plus originale de cette Islande en apparence isolée et géographiquement marginale, ce sont les productions littéraires; en effet, les Islandais, lettrés et producteurs de sagas qui sont les premières manifestations d’une littérature achevée en Europe, produisent une poésie courtisane, des chants et des éloges pour les rois et les princes, qu’affectionnaient tout particulièrement les “earls” des Orcades, les grands féodaux anglais et les riches habitants de Dublin (colonie norvégienne). Ces récits, poèmes ou chants se payaient au prix fort. Ensuite, les contextes géographiques dans lesquels se déroulaient les récits des sagas sont minutieusement décrits et échappent à toute exagération ou falsification d’ordre mythique ou légendaire. La saga du Vinland ou le “Landnàmabök” (le livre de la colonisation de l’Islande) confirment parfaitement cette objectivité narrative. La première littérature “moderne” (pour autant que ce mot soit adéquat) en Europe a été islandaise. Né en Islande en 1067, Ari Thorgilsson peut être considéré comme le premier historien d’Europe en langue vernaculaire, alliant précision, érudition et volonté d’inscrire l’histoire islandaise dans un cadre général européen. C’est lui qui nous a transmis la plus grande partie du savoir dont nous disposons sur l’âge dit des sagas (930-1030). Il y a dix siècles, l’Islande fournissait à l’Europe un historien qui relatait des faits sans les embellir de légendes, de merveilleux ou de paraboles hagiographiques.

L’Islande a donc été le centre d’un monde thalassocentré, aux institutions politiques originales et uniques, que décrit remarquablement l’historien américain Jesse L. Byock, de l’université de Californie (UCLA). Quand les deux colonies du Groenland se sont mises à péricliter, l’Islande est redevenue marginale, une simple excroissance occidentale du monde scandinave. Mais elle n’a certainement pas exclu de sa mémoire l’épopée aventureuse, commerciale et colonisatrice vers le Groenland et les terres situées plus à l’Ouest. Une carte controversée, probablement une falsification car elle fait du Groenland une île à part entière (ce que l’on ne savait pas avant 1890), montre les trois terres (Helluland, Markland et Vinland) découvertes par Leif. Les falsificateurs dataient cette carte de 1440, cinquante-deux ans avant le voyage de Colomb. Falsification ou non, les terres extrême-occidentales devaient être toujours présentes dans la mémoire des Islandais, comme devaient au moins les deviner les pêcheurs normands, bretons, flamands, anglais, galiciens, portugais ou norvégiens qui cherchaient les bancs de morues. Vers 1020, les tentatives d’installation au Vinland ont dû définitivement cesser, du moins dans le sillage immédiat de Leif et de ses proches. L’évêque Eirik du Groenland a toutefois tenté une nouvelle expédition en 1121, pour “aller voir s’il y avait là-bas des chrétiens survivants”. Il aurait constaté le contraire. En 1347, des Annales mentionnent le retour d’une petite embarcation qui avait été au “Markland”, avec dix-huit hommes à son bord. On sait que les résidents des deux colonies groenlandaises ont évacué leurs installations, sans que l’on puisse dire avec toute la certitude voulue s’ils sont revenus en Islande ou en Norvège ou s’ils ont cinglé vers l’Ouest, pour disparaître sans laisser de traces.

L’universitaire britannique Gwyn Jones, dans une étude consacrée aux Vikings et à l’Amérique, relève deux hypothèses convergentes, non étayées mais plausibles, et qui mériteraient d’être vérifiées: celle de l’Islandais Jon Dùason et celle du Canadien Tryggve Oleson. L’une date des années 1941-1948, l’autre de 1963. Ces deux hypothèses postulent que, vu la détérioration du climat et les difficultés logistiques à vivre à l’européenne (ou du moins à la mode norvégienne) en terre groenlandaise, bon nombre de Scandinaves de ces deux colonies extrême-occidentales ont fini par adopter le mode de vie esquimau, non seulement au Groenland mais aussi au Canada, c’est-à-dire au moins au Helluland et au Markland. Réduit à la précarité, les colons islando-norvégiens auraient traversé la mer entre le Groenland et le Canada pour s’y fixer et finir par se mêler aux populations autochtones de la culture dite du Dorset et former ainsi une nouvelle population, voire une nouvelle ethnie, celle de la culture dite de Thulé, qui aurait repris pour son propre compte l’ensemble du territoire groenlandais, après le recul ou la disparition de la population scandinave homogène qui y avait résidé depuis l’arrivée d’Eirik. Duason et Oleson pensent dès lors qu’une fusion entre Scandinaves résiduaires et chasseurs-trappeurs de la culture dite de Dorset a eu lieu, ce qui a donné à terme la nouvelle culture dite de Thulé. Ensuite, les ressortissants métis de la culture de Thulé seraient entrés en conflit avec les derniers Islando-Norvégiens du Groenland qui auraient alors plié bagages et se seraient installés, très peu nombreux et fort affaiblis, dans l’île actuellement canadienne de Baffin, en se mêlant à la population locale et en disparaissant par l’effet de ce métissage en tant que communauté scandinave homogène. La seule source qui pourrait étayer cette thèse est importante et fiable, c’est un écrit tiré des annales de l’évêque Gisli Oddsson, écrite en latin en 1637, probablement inspirée par une source antérieure disparue et évoquant les événements en “Extrême-Occident” scandinave (ou atlanto-arctique) de 1342: “Les habitants du Groenland ont abandonné la vraie foi et la religion chrétienne de leur propre volonté, ayant déjà rejeté toutes les bonnes manières et les véritables vertus, et se sont tournés vers les peuples d’Amérique (“et ad Americae populos se converterunt”)”.

Si les ermites irlandais ou celtiques cherchaient des terres, c’était pour aller y pratiquer la méditation en solitaire et non pour la colonisation. Pour le celtisant anglais Geoffrey Ashe, comme d’ailleurs pour Louis Kervran, les moines irlandais cherchaient le “Paradis terrestre”, qui, à leurs yeux, n’était nullement un “au-delà” mais une contrée bien terrestre quoiqu’inconnue. Les sources de diverses “matières celtiques” évoquent tantôt la Terre d’Avalon (ou “Avallach” ou encore “Ablach”) tantôt la Terre de “Tir na nOg”, un pays de jouvence éternelle située loin à l’Ouest, au bout de l’Océan. Religion biblique, mythes celtiques et fonds factuel se mêlent de manière trop inextricable dans les récits de la matière de Brandan, qui ne recèlent par conséquent aucune fiabilité scientifique, sauf peut-être si on les lit avec l’acribie dont fit montre Kervran, dans son livre paru en 1977. La colonisation scandinave est rationnelle et les récits qu’elle suscite sont réalistes. Les Irlandais ont toutefois été les premiers à aborder l’Islande et probablement le continent américain. Mais rien n’atteste objectivement de leurs voyages, sauf en Islande, où Dicuil mentionne la présence d’ermites voyageurs. Cette volonté de fuite vers l’Ouest, au-delà de l’Océan Atlantique, indique pourtant que l’humanité de souche européenne a été, pendant quasi tout le moyen âge, depuis la chute de l’Empire romain, un ensemble de populations assiégées et contenues dans l’espace étroit de la péninsule européenne, ce promontoire au Ponant de l’immense masse continentale eurasienne. Les assiégeants, comme l’indique d’ailleurs l’auteur anglais du 12ème siècle Guillaume de Malmesbury après l’invasion seldjoukide des “thermes” orientaux de l’Empire byzantin, sont les peuplades turques, mongoles, hunniques, berbères et arabes. Pour bon nombre d’Européens du haut moyen âge, et pour les Scandinaves qui ne trouvent plus d’affectations suffisantes dans l’espace euro-méditerranéen suite à l’effondrement de la civilisation romaine, l’Europe est une terre que l’on cherche à fuir: en effet, les Nordiques ne sont plus des barbares intégrables de la périphérie (Altheim, Toynbee, Grand) ni dans l’espace catholique-romain ni dans l’espace byzantin (en dépit de l’aventure de la “Garde varègue”); l’Europe leur est devenue un espace fermé tant à cause de la détresse provoquée par les siècles de gabegie mérovingienne et par les assauts sarrazins et hongrois qu’à cause de la fermeture qu’instaure le système carolingien pour procéder à une réorganisation interne du continent. La seule exception, c’est-à-dire la seule colonisation réussie dans l’espace jadis romanisé, est la Normandie et probablement l’aire réduite que constitue l’embouchure du Rhin et de la Meuse en Hollande actuelle, sans compter le Yorkshire anglais (le “Danelaw”). A l’Est, la Russie de Novgorod est une autre terre de colonisation possible pour les Varègues de l’actuelle Suède. Mais ces terres sont bien étroites et soumises à des institutions féodales qui déplaisent aux hommes libres du Nord. La tentative de contrôler l’espace scaldien (de l’Escaut), en établissant un vaste camp militaire dans l’actuelle ville de Louvain sur la petite rivière qu’est la Dyle, a été réduite à néant par les armées d’Arnold de Carinthie, un général pugnace du clan carolingien.

La tragédie scandinave est une tragédie européenne: la volonté de conserver une autonomie politique aussi complète que possible, dans des espaces ethniquement homogènes, sans le moindre compromis sur ce chapitre, se heurte à la nécessité d’une organisation impériale, seul moyen de verrouiller en Méditerranée et sur la steppe les voies d’accès potentielles au coeur du continent. L’Europe a besoin de la liberté scandinave comme elle a besoin de l’organisation impériale: quand trouvera-t-on le juste milieu, le mode politique qui parviendra à réconcilier ces deux aspirations essentielles?

Robert STEUCKERS.

Fait à Forest-Flotzenberg, septembre 2011.

Bibliographie:

-          Geoffrey ASHE, Kelten, Druiden und König Arthur – Mythologie der Britischen Inseln, Walter-Verlag, Olten, 1992.

-          Régis BOYER, Le Livre de la colonisation de l’Islande (Landnàmabök), Mouton, Paris, 1973.

-          Jesse BYOCK, L’Islande des Vikings, Aubier, Paris, 2007-2011.

-          James GRAHAM-CAMPBELL, Das Leben der Wikinger – Krieger, Händler und Entdecker, Kristall-Verlag, Hamburg, 1980.

-          Gwyn JONES, “The Vikings and North America”, in R. T. FARRELL, The Vikings, Phillimore, London, 1982.

-          Louis KERVRAN, Brandan, le grand navigateur celte du VI° siècle, Laffont, Paris, 1977.

-          Jean MABIRE, Les Vikings à travers le monde, Ed. de l’Ancre de Marine, Saint-Malo, 1992.,

-          Magnus MAGNUSSON / Hermann PALSSON, “Introduction”, in The Vinland Saga – The Norse Discovery of America, Penguin, Harmondsworth, 1965-1971.

-          Gert MEIER / Hermann ZSCHWEIGERT, Die Hochkultur der Megalithzeit – Verschwiegene Zeugnisse aus Europas grosser Vergangenheit, Grabert, Tübingen, 1997.

 

vendredi, 07 octobre 2011

Die Reconquista

Die Reconquista

00:11 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moyen âge, histoire, espagne, reconquista | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 29 septembre 2011

Ti-Breizh: Templiers en Bretagne

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mercredi, 28 septembre 2011

Die Schlacht auf dem Lechfeld

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